10 octobre 1984. Le début du cauchemar pour Rachel Mouaba. Son père, militaire, refusait d’appliquer les ordres, explique-t-elle. Et c’est ce soir là, que les proches d’Hissène Habré sont venus le chercher.
« J’avais escaladé le mur et là j’ai vu comment mon père était torturé. Il a été ensuite exécuté. Le même soir, j’ai été violé. C’est comme si je revivais encore les gémissements de mon père », témoigne-t-elle avec émotion.
Témoigner pour l’histoire, témoigner pour les morts, Fatimé Sakine a fait ce choix. Arrêtée à 17 ans, elle a passée un an et demi en prison, torturée, insultée par les gardiens. Désormais, la peur est partie et elle ne souhaite qu’une chose : se retrouver en face d’Hissène Habré.
« Je n’ai plus peur. Je veux lui demander pourquoi il m’a arrêté et pourquoi il m’a gâché toute ma vie. Je veux voir Hissène Habré avec mes yeux pour lui parler de ce que j’ai dans le cœur », insiste Fatimé Sakine.
La crainte de nombreuses victimes : que l’ancien président tchadien obtienne un nouveau report de son procès. Clément Abaifouta, président de l’association qui regroupe les 4500 victimes du régime Habré, demande : « M. Habré si vous êtes innocent, de quoi avez-vous peur ? »
Si Hissène Habré refuse de se présenter devant les juges, les responsables des Chambres africaines extraordinaires ont déjà annoncé qu’il y serait amené de force.