La plainte déposée mercredi par l'avocat de plusieurs victimes contre Idriss Déby arrive trop tard. Les juges, qui auraient pu se pencher sur les faits qui sont visés, et qui auraient été commis en 1990 au Tchad, ont clôturé leur instruction. La phase des poursuites est terminée insiste une source judiciaire proche du dossier. Les Chambres africaines extraordinaires ne se pencheront plus sur cette période, quelle que soit la personne incriminée.
L'avocat a t-il déposé cette plainte en toute connaissance de cause ? Pour les défenseurs des victimes d'Hissène Habré, comme maître Georges-Henri Beauthier, il n'y a pas l'ombre d'un doute, cette plainte contre Idriss Déby est téléguidée par le camp Habré pour faire diversion.
« Il y a 25 ans que les faits se sont produits, je suis dans ce dossier depuis 2001. On a déposé plainte contre M. Hissène Habré depuis maintenant plus de 14 ans. Depuis 2001, jamais il n’a été question de cette plainte. C’est une tentative, une de plus, pour essayer de diviser les parties civiles et surtout différer le cours de la justice. En fait Hissène Habré épuise tous les moyens dilatoires qu’il peut trouver pour que la justice ne soit pas rendue », estime l'avocat des parties civiles.
Un point de vue partagé par l’avocat de l’Etat tchadien. « Je tiens à rappeler que l’objectif visé par l’auteur de cette plainte était d’entraver le bon déroulement de ce procès d’une part et de tenter de porter atteinte à l’image du président Idriss Déby d’autre part. Alors que nul n’ignore que sans la détermination du chef de l’Etat, ce procès n’aurait pu se tenir. Puisque dés 1992, il a mis sur pied la commission d’enquête, dont les enquêtes ont servi de fondement aux chambres africaines extraordinaires », estime maître Philippe Houssine.
Il se dit aussi peu surpris du classement sans suite de cette plainte. « L’Etat du Tchad n’est pas du tout surpris parce que nous savons à l’avance que cette plainte était sans fondement et délibérément tardive. Le sort réservé à une telle plainte ne peut être que l’irrecevabilité. »
Hissène Habré et ses proches ont-ils pensé pouvoir faire reporter le procès qui doit reprendre lundi ? Cherchaient-ils à faire peur à Idriss Déby, pour qu'il ne coopère plus avec les Chambres africaines extraordinaires ? Toutes ces hypothèses sont évoquées par les parties civiles qui attendent aujourd'hui avec impatience qu'on en vienne au fond de l'affaire.