Les ministères de l’Intérieur du Maroc et de l’Espagne ont annoncé avoir mené une opération conjointe, mardi, visant à démanteler un réseau de recruteurs de jihadistes pour le compte de l’organisation Etat islamique. Sur les quatorze suspects interpellés, treize l’ont été au Maroc, essentiellement à Fès et Nador, mais aussi à Casablanca, Driouech et El Houceima.
Une « opération préventive » ciblée pour tenter d'empêcher les départs vers la Syrie et l'Irak. En 2014, on estimait à 1 500 le nombre de Marocains combattant dans les rangs des différentes factions jihadistes en Syrie. A l’époque, beaucoup combattaient sous le drapeau de la brigade marocaine Harakat Sham al-Islam, mais aussi dans les rangs du Front al-Nosra et de son rival du groupe Etat islamique.
Refonte des services antiterroristes
Pour Youssef Belal, chercheur en sciences politiques, ce coup de filet s'inscrit dans la continuité de la politique antiterroriste marocaine. Au Maroc, des coups de filet sur des réseaux jihadistes présumés sont menés « toutes les deux ou trois semaines », rappelle le chercheur. Mais l’opération de ce mardi revêt une importance particulière, « car elle intervient à un moment marqué, au Maroc, par une refonte des services de renseignement et de lutte antiterroriste, avec la création d’un bureau central d’investigation », souligne Youssef Belal.
Autre facteur qui donne à cette dernière opération en date une importance accrue, le fait qu’elle ait ciblé un réseau de recruteurs. « Quand vous ciblez les réseaux de recrutement, l’impact en matière de lutte antiterroriste est fort, parce que vous coupez les têtes de réseaux, ce qui permet de diminuer les flux des départs de terroristes ou d’activistes potentiels vers l’Irak, la Syrie ou la Libye », juge le chercheur, spécialiste de la sociologie religieuse de l’islam politique au Maroc.