Bénin: l'Assemblée vote contre la levée de l'immunité du député Kassa

Avec le soutien de quatre députés de l'opposition, la majorité présidentielle a pu éviter à l'ancien ministre de l'Eau d'être poursuivi devant la Haute cour de justice. Mercredi 19 août, une courte majorité de députés a rejetée la levée de l'immunité parlementaire de Barthélémy Kassa. Ce dernier est soupçonné d'avoir participé au détournement de 8 milliards de francs CFA en faveur de l'assainissement public dont une partie relevait de la coopération avec les Pays-Bas. C'est d'ailleurs ce bailleur qui a révélé l'affaire au printemps dernier. Le président Yayi Boni avait demandé que justice soit faite, mais sa majorité ne l'a pas suivi. 

Pas une voix de la majorité présidentielle n'a manqué mercredi 19 août à l'Assemblée. Quatre députés de l'opposition sont même venus apporter leur soutien à l'honorable Barthélémy Kassa, qui évite ainsi la Haute cour de justice.

Pour la mouvance présidentielle FCBE, le dossier était vide : les arguments pour demander la levée l'immunité du député Kassa n'étaient pas suffisants. Benoit Dégla est porte-parole du groupe FCBE et membre de la commission parlementaire sur ce dossier. « Ce n’est pas parce que nous voulons protéger quoique ce soit, ce n’est pas parce qu’il y a un corporatisme à protéger mais simplement parce qu'à la vue des documents que nous avons reçus, le cabinet a relevé des griefs qui sont purement administratifs qui ne peuvent pas être considérés comme des infractions pénales susceptibles de mériter que l’immunité soit levée », se défend le député.

Du côté de l'opposition, on regrette que quatre députés de ses rangs aient apporté leurs voix à la majorité. Pour Idji Kolawolé, président du groupe l'Union fait la Nation, cette affaire est une nouvelle illustration du niveau de corruption du pouvoir actuel. « La pratique du régime de Yayi Boni, des FCBE et de leurs alliés, c’est la corruption systématique à tous les niveaux. Ce n’est pas du tout une affaire banale. Je suis très reconnaissant aux Pays-Bas de montrer la face véritable du régime de Yayi Boni ! »

Pour Roger Gbegnonvi, ancien président de Transparency International Bénin, cette affaire Kassa est « très symptomatique ». « Le Bénin est plus malade que jamais, estime-t-il. Les dessous de tables, qui étaient de 10% sont passés à 30%. Nous qui nous battons vaille que vaille contre la corruption, et qui n’y arrivons pas manifestement, nous nous demandons, si demain, à l’allure où vont les choses, les 30% ne passeront pas à 50% », déplore Roger Gbegnonvi. Et de conclure : « Rares sont les ministres qui ne traînent pas des casseroles, rares sont également les députés qui ne traînent pas des casseroles. Je crois qu’ils se sont arrangés pour que cette Haute cour de la justice ne soit pas saisissable. »

Barthémémy Kassa a du démissionner de son poste de ministre au printemps dernier et certains députés continuent à espérer que ce rejet de la levée de son immunité ne va pas clore l'enquête autour de ses responsabilités.

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