Burundi : l’alerte de l’ONU après les violences contre Mbonimpa

Les Burundais vivent toujours dans l'angoisse de nouvelles violences et de nouvelles attaques comme celles qui ont visé l'un des proches du président, le général Nshimirimana assassiné, dimanche 2 août, ou comme la tentative de meurtre contre Pierre-Claver Mbonimpa, célèbre défenseur des droits de l’homme. Michel Forst, haut responsable des Nations unies, condamne cette tentative d'assassinat et met en cause les autorités.

La tentative d'assassinat de Pierre-Claver Mbonimpa continue de faire réagir. Le défenseur des droits de l'homme est toujours hospitalisé à Bujumbura et devrait partir, ce dimanche 9 août, à l’étranger pour se faire soigner. Michel Forst, rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l'homme, a condamné cette attaque, vendredi 7 août, et il met en cause directement les autorités burundaises : « L’attaque récente contre Pierre-Claver Mbonimpa est malheureusement un pas supplémentaire dans l’escalade que le gouvernement fait peser sur les défenseurs. S’attaquer à Pierre-Claver Mbonimpa, ce n’est pas n’importe quoi. C’est le doyen des défenseurs (l’un des plus connus) ; le lauréat du prix Martin Ennals. Il est connu sur la scène internationale ».

« Là, on a vraiment voulu non seulement l’attaquer mais le tuer, puisqu’il a été atteint de deux balles dans la nuque et dans le visage. Sa vie est actuellement en danger. Donc par ce communiqué, j’ai voulu alerter le gouvernement pour leur dire : « Ça suffit ! ». Les menaces continuent à augmenter et il n’y a pas de protection à l’encontre des défenseurs. On sait malheureusement qui sont les auteurs. Les jeunes du parti au pouvoir, parmi d’autres, sont à l’affût des défenseurs et plusieurs défenseurs, à l’heure actuelle, sont terrés chez eux, n’osent plus sortir parce qu’ils craignent également d’être aussi attaqués comme Pierre-Claver », a encore déclaré Michel Forst à RFI.

L’angoisse de nouvelles violences contre les défenseurs des droits de l’homme

Le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des défenseurs des droits de l'homme s’est inquiété de ces violences qu’il dénonce et a tenu également à souligner que la tentative d’assassinat de Pierre-Claver Mbonimpa est une attaque symbolique du danger que courent tous les militants des droits de l’homme dans le pays. Il craint en effet pour ces personnes, moins reconnues et donc, plus vulnérables : « C’est une société civile très active qu’on connaît au Burundi. Il y a un grand nombre d’organisations non gouvernementales très actives, non partisanes et qui comprennent, dans leurs rangs, des gens de différentes ethnies. Malheureusement, les messages que je reçois sont des messages de crainte ».

« Certains ont décidé de stopper leurs activités parce qu’ils reçoivent des menaces de mort, d’autres, courageux, continuent leurs activités. Ils envoient de l’information sur le plan international. Les journalistes font leur travail dans des conditions très difficiles. J’ai rappelé les attaques contre la Radio publique africaine, mais d’autres journaux sont également victimes d’attaques. Il y a donc une situation très, très inquiétante qui prévaut et on sent que cette attaque contre Pierre-Claver, au-delà de la personne même de Pierre-Claver, c’est une attaque symbolique qui montre que si on s’attaque aux plus connus d’entre eux, alors on n’hésitera pas à s’attaquer aux moins connus. Et c’est un peu ce que craignent beaucoup de défenseurs dans le pays », a également alerté Michel Forst.
 

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