Ces cinq arrestations ont été effectuées non loin de l'endroit où l'attaque a eu lieu, à une trentaine de kilomètres, disent des sources militaires, sur les rives du fleuve Niger. « Les autorités militaires avaient reçu le signalement de deux véhicules qui étaient là peu après les faits, explique un responsable local. Des véhicules qui étaient occupés par des hommes armés non identifiés. Une patrouille a donc été organisée et ces suspects arrêtés.»
Les individus qui ont été mis sous les verrous sont soupçonnés d'être liés à al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui avait revendiqué l'attaque. L'un des suspects a d'ailleurs été retrouvé en possession d'une arme appartenant à l'un des militaires tués dans les combats de Gourma Rharous, ce qui établit un lien direct entre ces suspects et l'attaque.
Les cinq hommes ont été remis à la gendarmerie. Transférés à Gourma Rharous, ils devaient ensuite être transportés à Tombouctou, 140 kilomètres plus à l'ouest. L'enquête préliminaire est menée par les gendarmes. Il appartiendra ensuite au procureur de Tombouctou, en fonction des éléments obtenus, de dire quelles suites judiciaire il déclenche.
L'attaque de Gourma Rharous, lundi dernier, est intervenue deux jours après une embuscade, qui avait été tendue à l'armée malienne à Nampala, dans le centre. Cette embuscade a été attribuée elle aussi à des jihadistes.
■ Colère au Mali après la libération d’un jihadiste en Mauritanie
Les autorités mauritaniennes ont décidé de libérer l'un des cadres du groupe jihadiste Ansar Dine. Sanda Ould Boumama avait été pendant des mois le porte-parole du groupe pendant l'occupation jihadiste à Tombouctou et Gao. En mai 2013, il s'était rendu aux forces mauritaniennes pour échapper à l'intervention militaire française au Mali. Et il a été remis en liberté par la Mauritanie, ce lundi. Au Mali, quatorze organisations de défense des droits de l'homme s'insurgent contre cette décision. Sanda Ould Boumama serait soupçonné d'être l'un des responsables présumés de crimes graves, dont des crimes sexuels, affirment ces ONG. Elles ont envoyé une lettre à l'ambassadeur mauritanien au Mali pour protester.
Les victimes ont droit à la justice et à une réparation pour maître Moctar Mariko, le président de l'Association malienne des droits de l'homme : « Les victimes, quand elles ont appris la libération de ce monsieur, elles étaient dans tous leurs états. Est-ce qu’elles auront droit à la vérité ? Est-ce qu’elles auront droit à la justice ? Est-ce qu’elles auront droit à une réparation ? Compte tenu du fait que ces individus, une fois libérés, vont aussi essayer d’attenter à leurs vies. Parce qu’au Mali tout le monde se connaît et ces individus connaissent aussi les victimes. C’est les victimes qui les ont dénoncés. C’est les victimes qui les ont nommément désignés dans les plaintes. Nous allons aussi interpeller les autorités maliennes pour leur dire de jouer leur partition. Et si elles ne l’ont pas fait, nous leur demandons de tout faire pour que les présumés terroristes soient appréhendés et extradés vers le Mali ».