Présidentielle au Burundi: le dernier tour de piste de Nkurunziza

Pour ses deux derniers meetings de campagne avant l'élection présidentielle du mardi 21 juillet, le président burundais est allé dans le nord vendredi 17 juillet. Pierre Nkurunziza était dans les provinces de Cibitoke et Kayanza, dans deux communes situées de part et d'autre de la forêt Kibira, où une attaque rebelle a eu lieu il y a plus d'une semaine et où, vendredi matin encore, l'armée signalait de petits accrochages. Il y a multiplié les promesses.

Alors que plusieurs bailleurs de fonds menacent de couper leur coopération avec le Burundi, que l’activité économique du pays tourne au ralenti depuis le début de la crise, et que les recettes de l’Etat se sont réduites, Pierre Nkurunziza a multiplié les promesses pendant sa campagne. Ce fut encore le cas à Ndora, en province Cibitoke, où il a tenu meeting ce vendredi.

« Qu’est-ce que vous voulez qu’on fasse pour vous dans les cinq prochaines années ? Nous voulons continuer de construire des routes. Si vous votez pour nous, nous allons multiplier leur nombre par deux, ici à Cibitoke. Nous voulons aussi construire une université ici à Cibitoke si vous votez pour nous ! Nous voulons multiplier les écoles techniques, primaires, secondaires, les centres de santé. Et nous voulons construire aussi un bel hôpital, si vous votez pour nous ! », a martelé le président.

Et de continuer sur sa lancée : « Vous avez vu qu’on a commencé à construire un barrage. Dans les cinq prochaines années, nous voulons en construire cinq, qui vont donner de l’électricité à tout le pays, et surtout faire en sorte que toute la province de Cibitoke soit électrifiée. Nous voulons également commencer à extraire des minerais avec les méthodes les plus modernes. Et toutes les études ont montré qu’ici à Cibitoke, vous êtes assis sur une mine d’or. Pour vous, l’avenir est merveilleux. »

Tous les Burundais ne sont pas convaincus

L'opposition ne se fait pas prier pour réagir aux promesses du candidat-président. Jean Minani, qui était candidat lui aussi à la présidentielle burundaise avant de se mettre en retrait vendredi, en raison de la crise que traverse le pays depuis l'annonce de la candidature du chef de l'Etat pour un troisième mandat, parle en substance de promesses en l'air.

« Il est en train de promettre des choses. Où est-ce qu’il va trouver l’argent ? Aujourd’hui, c’est un président isolé sur le plan international. Tous nos partenaires l’ont averti que s’il se fait élire, ils ne vont plus rien donner au Burundi. 52 % de l’argent que nous utilisons viennent des bailleurs de fonds. Aujourd’hui, tous ces bailleurs disent qu’on ne donnera plus rien. Avec quoi il va réaliser toutes ses promesses ? Ses promesses, ce sont des mensonges ! », dénonce M. Minani.

L'ancien candidat d'opposition préfère revenir sur le bilan des dix ans de pouvoir de ce président qu'il juge catastrophique. Selon lui, « Pierre Nkurunziza n’a rien réalisé ». « Au contraire ! Sur les dix ans, le pays a reculé. Il y avait quelques pays qui étaient derrière nous. Aujourd’hui, tous ces pays sont plus avancés que nous. Et nous sommes le dernier pays du monde aujourd’hui en développement. Hier, j’en parlais. Quelqu’un me disait : " Non, nous sommes l’avant-dernier. " Donc, il n’a rien fait en dix ans ! Et si nous ajoutons ces cinq ans, il ne fera rien. Au contraire, nous allons continuer à descendre dans les enfers. »

L'objectif du président : rassurer la population

Pour ces deux derniers meetings, le président Nkurunziza a choisi de se rendre dans les provinces du nord du pays, Cibitoke et Kayanza. L'intention manifeste de ces déplacements était de montrer que la sécurité est désormais rétablie de part et d'autre de la forêt Kibira, où une attaque rebelle s'est déroulé un plus d'une semaine plus tôt, et où l'armée signalait encore de petits accrochages vendredi matin. Alors qu'il est accusé de pousser le pays dans la guerre civile avec sa candidature, le président Nkurunzira a promis à ses partisans cinq nouvelles années de paix s'il est réélu.

Ecoutez ci-dessous, le reportage de notre envoyée spéciale.

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