Sénégal: interrogations autour des images du procès Hissène Habré

Lundi prochain s'ouvre à Dakar le procès de l'ancien président du Tchad, Hissène Habré. Il est poursuivi pour de présumés crimes de guerre, crimes contre l'humanité et actes de torture commis au Tchad du 7 juin 1982 au 1er décembre 1990. Ce procès, symbole de la lutte contre l'impunité sur le continent, est organisé par les Chambres africaines extraordinaires. Pour le symbole également, ce procès est filmé. Seulement à quelques jours de l'ouverture des audiences, des doutes émergent : la télévision publique, diffuseur exclusif du procès, ne filmera que les temps forts du procès.

A l'origine, les statuts des Chambres africaines prévoient que les audiences du procès soient entièrement filmées et enregistrées. Ces images devraient être la propriété du tribunal. L'objectif est double : conserver des archives judiciaires. Mais aussi, permettre aux familles de victimes, qui n'ont pas pu se déplacer à Dakar, de suivre l'intégralité du procès à distance.

Seulement, à quelques jours de l'ouverture du procès, une partie des organisateurs s'inquiète. Des sources proches du tribunal dénoncent un changement de dernière minute imposé par l'administrateur des Chambres africaines, qui aurait signé un mémorandum avec la RTS, la chaîne publique du Sénégal, sans l'aval des autres membres du tribunal et des bailleurs de fonds.

« Ce mémorandum présente des contradictions » avec le statut des Chambres, regrette un responsable, qui déplore que la RTS soit le propriétaire des images et non le tribunal. Par ailleurs, ajoute cette source, « la RTS ne filmera qu'une partie du procès ». « Il s'agit là d'un tri sélectif des images pour canaliser les débats », redoute un juriste joint par RFI. Même frustration exprimée par les familles de victimes qui estiment que « cela vide l'esprit du procès ».

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