Attentats kamikazes, villages brûlés, fidèles abattus en pleine prière, le Nigeria a connu sa semaine la plus sanglante depuis l’investiture du président Muhammadu Buhari fin mai. Cette vague d’attaques « barbares inhumaines et haineuses » s’est indigné le président nigérian, démontre selon Buhari la nécessité « de former une coalition internationale plus efficace » contre les insurgés.
Depuis janvier, le Niger, le Cameroun et le Tchad prêtent main forte à l’armée nigériane, mais les ripostes et les offensives des différents contingents souffrent d’une coordination défaillante, voire inexistante.
Le bain de sang dans les villages de Monguno et Kukawa mercredi soir indique que la capacité de nuisance et la détermination des combattants insurgés à semer la terreur parmi les civils demeurent intactes malgré le volontarisme affiché par Buhari. Il a transféré le centre de commandement des opérations contre Boko Haram à Maiduguri, or la ville est de plus en plus ciblée, soit par le biais d’attentats-suicides menés par des femmes dans les marchés, soit par le biais de raids sur la ville.
Vendredi soir, encore, des témoins faisaient état d’explosions assourdissantes et d'échanges de tirs nourris entre l’armée et des hordes d'insurgés dans la périphérie de la capitale du Borno.
L'ONU en faveur du droit d'avorter pour les femmes enceintes qui ont été violées
L'ONU estime que les femmes enceintes qui ont été violées par des membres de Boko Haram doivent avoir le droit d'avorter. Boko Haram a kidnappé au moins 2 000 femmes et jeunes filles, au Nigeria, ces dix huit derniers mois, selon une estimation d'Amnesty Internationale. Au camp de réfugiés de Dalori, à Maiduguri, pas moins de 200 ex-captives sont enceintes, avait signalé un journaliste du New York Times, au mois de mai. Pour l'heure, le Nigeria n’autorise l'avortement que lorsque la vie de la femme est en danger. Mahamane Cissé-Gouro, chef du département Afrique du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, considère qu’il faut plus de souplesse et élargir le champ d'application de la loi.
« Je pense que cela doit préoccuper tout le monde. Ce sont des gens qui sont passés à travers des choses abominables : enlèvement, viols, esclavage sexuel, séquestration. Il y a donc, naturellement, une certaine haine à garder un enfant que l’on ne veut pas. Nous craignons, aujourd’hui, que certaines de ces personnes n’envisagent le pire, à savoir le suicide », a déclaré, à RFI, Mahamane Cissé-Gouro.
Il explique que c’est, par conséquent, dans ce sens que le Haut commissaire a appelé les autorités nigérianes à avoir une interprétation la plus souple, la plus large et la plus favorable possible pour que ces femmes - celles qui le veulent - puissent être prises en compte et dans des conditions d’hygiène acceptables.
Le chef du département Afrique du Haut commissariat de l'ONU aux droits de l'homme rappelle que l’avortement est autorisé au Nigeria seulement quand la vie de la femme est en danger et précise que, dans l’interprétation de ce qui est la santé de la femme, « il ne faut pas simplement voir la santé en des termes physiques mais il faut aller au-delà et voir l’aspect psychogique » avant d’ajouter que « toutes personnes au contact de ces femmes qui ont entendu ce qu’elles ont vécu peuvent comprendre ».