Officiellement, il n’y a plus de manifestation contre le troisième mandat du président Pierre Nkurunziza. Mais les journalistes, du moins ceux qui osent encore se rendre sur le terrain, ont du mal à travailler. Les policiers les chassent systématiquement des quartiers au cœur de la contestation. C’est le cas de Jérôme, un caméraman aguerri d’une télévision locale : « Ils disent que c’est nous les journalistes qui demandons aux manifestants d’aller dans les rues pour qu’on puisse les filmer. »
L’austérité des forces de l’ordre est une réalité depuis plusieurs semaines, explique ce journaliste. Et de raconter comment il a été menacé au plus fort des manifestations par un officier de la police burundaise, alors qu’il faisait son travail dans le quartier de Musaga, dans le sud de Bujumbura : « Il ma dit : " Si tu ne quittes pas ce lieu, je vais tirer sur ta caméra. " Peu après, il a dit : " Si tu restes ici une seconde je vais tirer sur toi. C’est pour cela que j’ai décidé de quitter le lieu. " »
De tels incidents se sont reproduits à plusieurs reprises. La destruction des radios privées a été vécue comme un véritable cataclysme par les journalistes burundais. Des journalistes accusés d’être les promoteurs de la révolte par le pouvoir Nkurunziza. Une cinquantaine d’entre eux ont fui au Rwanda voisin. Jérôme, lui, a décidé de faire face : « Il est vrai qu'il y a une partie des journalistes qui a décidé de fuir. Mais nous, nous allons rester ici pour continuer à informer la population sur ce qui se passe dans le pays. Malgré la peur, on a décidé de rester. »
Chaque matin, Jérôme se rend dans les quartiers de Bujumbura et promène sa caméra. « Malgré la peur, malgré les menaces, je dois montrer à la communauté nationale et internationale, dit-il, ce qu'il se passe réellement au Burundi ».