Le rapport est accablant pour les forces de sécurité. D'abord, elles n'arrivent pas à protéger les populations des attaques des shebabs : manque de moyens, défaut de coordination. Armée et police sont arrivées souvent bien trop tard sur les lieux ou ne se sont pas déplacées, malgré des informations sur des attaques imminentes.
Mais surtout, au cours d'opérations de sécurisation qui ont suivi, elles se seraient livrées à des exactions visant surtout les musulmans, et en particulier la minorité somalie. « Durant ces opérations, au lieu de travailler avec les communautés pour comprendre comment les attaques se sont déroulées et identifier ceux qui y ont pris part, les forces de sécurité ont semble-t-il assez rapidement visé les communautés musulmanes et somalies, affirme Maria Burnett, chercheuse à Human Rights Watch. Ce sont les hommes de ces communautés qui ont été arrêtés en nombre, battus et détenus arbitrairement. L'approche discriminatoire donnée à ces opérations nous inquiète donc beaucoup. »
D'autant que sur les 108 arrestations irrégulières recensées dans le document, aucune ne s'est soldée par une condamnation. Avec un double effet néfaste selon le rapport : l'impunité pour les auteurs réels des attaques. Mais aussi, la perte de confiance des populations en leurs forces de sécurité. De quoi faire le lit de la radicalisation et se priver de renseignements pour prévenir d'autres attaques. Le rapport appelle à une refonte en profondeur des forces de sécurité, à commencer par la fin de l'impunité pour les auteurs d'exactions.