La justice donne raison aux deux ONG, mais pas question pour elles d'arrêter le combat. Respectées par les musulmans kényans et soutenues par de grandes organisations comme Amnesty et Human Rights Watch, ce sont elles qui avaient porté plainte. Mais si les juges ont ordonné leur retrait de la liste, ils n'ont pas demandé le dégel de leurs avoirs financiers. Elles ne peuvent donc toujours pas reprendre leurs activités.
Une décision suspecte selon Khelef Khalifa, président de Muhuri : « Nous voulons que notre compte bancaire soit débloqué. Si on nous a innocentés, pourquoi ne peut-on pas accéder à notre argent ? S'indigne-t-il. Tout au long de cette affaire, la moindre excuse était bonne pour stopper notre activité. Quand une catastrophe survient, le gouvernement veut montrer au public qu'il travaille. Mais il ne sait pas ce qu'il fait et il arrête des innocents. C'est triste de voir que les appareils policiers et judiciaires sont devenus des outils de répression. Tous nos bailleurs sont occidentaux. Donc indirectement, le pouvoir les accuse aussi de terrorisme. C'est ce que ça veut dire. »
En décembre, les députés avaient adopté une loi anti-terroriste jugée liberticide par l'opposition. Al-Amin Kimathi est militant des droits de l'homme. Pour lui, le gouvernement utilise ce texte pour réprimer. « Le pouvoir se sert de cette loi pour museler les ONG. Il se base notamment sur les imprécisions du texte pour viser les organisations qui critiquent son action », affirme-t-il.
Selon lui, il faut que les Occidentaux, qui financent en grande partie ces organisations, fassent pression sur le Kenya pour mettre un terme à la répression.