Commerce du bois en RDC: la France trop laxiste ?

C’est un nouveau rapport qui épingle la France dans le commerce du bois venu de RDC. Après Greenpeace il y a quelques semaines, c’est au tour de l’ONG Global Witness d’accuser les entreprises françaises, deuxièmes plus gros importateurs de bois de la République démocratique du Congo, de ne pas être assez regardantes sur les conditions dans lesquelles le bois a été produit.

Le rapport intitulé L’impunité exportée : comment les forêts du Congo sont exploitées illégalement pour le marché international révèle que les 10 millions d’euros issus du commerce de bois avec la RDC, est entaché « d’innombrables illégalités et atteintes sociales et environnementales ». Et ce, en dépit de lois européennes qui interdisent d’importer du bois qui porte atteinte aux législations du pays producteur.

Dépassement des volumes de production autorisés, commerce d’essence de bois officiellement protégés, ou encore déclarations fiscales faussées sont quelques-unes des violations listées dans ce nouveau rapport de Global Witness. Alexandra Pardal, responsable de campagne de l'ONG, détaille : « Cette exploitation porte atteinte aux lois environnementales, sociales et fiscales de la RDC, avec des fraudes documentaires, un non-respect des contrats sociaux, des récoltes sans les permis requis, et il y a aussi évasion fiscale. » L'ONG pointe particulièrement les deux plus gros exploitants forestiers de la RDC, qui totalisent à eux seuls la moitié des exportations de bois du pays.

Manque de volonté politique

Enfin, selon l’ONG, entre 2011 et 2014, 28 des 57 concessions forestières en RDC, n’ont pas respecté la législation congolaise à l’une ou l’autre étape de production de bois.
Des accusations lourdes, mais que Global Witness n’est pas seule à relayer. Il y a quinze jours, l’ONG Greenpeace accusait les autorités congolaises de l’extrême insuffisance des contrôles gouvernementaux. Enfin, une enquête d’experts du Chatham House de 2013 pointe la corruption et le manque de volonté politique comme principal obstacle pour mieux réglementer le secteur. « Les autorités font très peu, les sanctions sont dérisoires. Ça a encouragé l’exploitation illégale », dénonce Alexandra Pardal, de Global Witness.

Mais si l'ONG pointe du doigt les entreprises congolaises, elle souligne aussi le rôle d'une série d'entreprises françaises, pas assez regardantes sur la provenance de ce bois. « La France importe 12% des exportations du bois congolais et il n’y a pas eu de sanctions contre les entreprises qui ont importé du bois illégal. Ces entreprises françaises sont des petits importateurs qui ne font pas preuve de diligence raisonné, imposée par la loi européenne. Les négociants encaissent des millions de dollars grâce à une activité qui nuit au peuple congolais tout en contribuant à l’extinction d’une des dernières forêts tropicales de la planète », déplore la responsable de campagne chez Global Witness.

Mais du côté du ministère congolais de l’Environnement, on dénonce un acharnement des ONG. Selon les autorités, il y a certes des contrôles à améliorer, mais les infractions commises par les exploitants officiels, qui ne produisent que 10% du bois dans le pays, seraient minimes à côté de celles commises par le secteur artisanal ou totalement informel qui domine 90% du marché du bois en RDC.

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