Les mains croisées dans le dos, bottes lustrées et uniforme soigné, le lieutenant de police devait répondre à la principale accusation qui pèse contre lui : A-t-il, ou non, organisé le rendez-vous fatidique pendant lequel décèdera le défenseur des droits de l'homme Floribert Chebeya ? Pour l'accusé, la réponse est non, sa seule mission, selon lui, a été de déposer une lettre au bureau de la Voix des sans voix (VSV).
Mais alors, pourquoi ne pas l'avoir déposée immédiatement ?, interroge le juge. La personne chargée de réceptionner le courrier n'était pas là, se justifie l'officier. Mais un membre de l’ONG vient contredire ce témoignage. Selon lui, l'officier aurait expressément demandé à rencontrer Floribert Chebeya en personne. Ce qu'il fait lors d'une deuxième visite, moment où il lui remet une lettre de l'inspection générale de la police.
Beaucoup de zones d'ombre
Autre détail troublant : un relevé téléphonique fait état de plusieurs coups de fil entre le policier et la Voix des sans voix et ensuite Chebeya. Pour le ministère public, c'est clair, il s'agissait d'organiser le rendez-vous fatal. Pour le policier, c'est faux. C'est Chebeya lui-même qui l'aurait contacté pour lui demander d'organiser un rendez-vous avec les autorités. Au final, près de cinq ans après les faits, les zones d'ombre sont toujours nombreuses.
Le ministère public promet d'autres éléments de preuves indiscutables, mais, du côté des avocats de la famille Chebeya, on s'interroge encore et toujours. Ceux qui sont à la barre ne seraient-ils que des exécutants ? Les vrais responsables seraient donc ailleurs, alors que les commanditaires du meurtre n'ont jamais été inquiétés. Prochaine audience dans ce procès-fleuve jeudi prochain.