Madagascar: un militant écologiste condamné à la prison ferme

Un militant écologiste a été condamné à six mois de prison fermes, jugé coupable de diffamation contre deux opérateurs touristiques locaux qu’il aurait accusés publiquement de trafic de bois de rose, source de nombreux enjeux environnementaux et économiques pour le pays.

A l’origine de l’affaire : un e-mail envoyé à des ONG et dans lequel Armand Marozafy accuse deux personnes d’être impliquées dans ce trafic lucratif. Le militant affirme que le texte - censé être confidentiel - a été publié à son insu sur les réseaux sociaux. Les opérateurs portent alors plainte. Il est emprisonné fin avril, avant d’être condamné vendredi 22 mai à six mois de prison ferme et 12 millions d’ariary environ 4 000€ de dommages et intérêts.

La condamnation est lourde pour Armand Marozafy, guide éco-touristique et militant écologiste condamné pour diffamation par le tribunal de Maroantsetra au nord-est du pays. « C’est une manœuvre pour empêcher les gens de parler », accuse son collègue Clovis Razafimalala membre de la même organisation qui lutte contre le trafic de bois de rose. Pour lui, Armand Marozafy « est un élément gênant » pour les autorités et les trafiquants.

« C’est la loi du plus fort dans cette région » accuse aussi Ndranto Razakamanarina, président de l’Alliance environnementale Voahary Gasy. « Jusqu’à maintenant, aucun grand trafiquant n’a été mis en prison, ajoute-t-il. Ce sont les gens qui se battent contre le trafic qui sont condamnés. »

Dans une lettre ouverte qui paraît aujourd’hui l’alliance Voahary Gasy interpelle la ministre de la Justice et tous les magistrats du pays sur l’application de la loi face aux infractions environnementales. La lettre évoque trois affaires récentes, dont celle-ci, et réclame des explications. « Nous n’arrivons plus à comprendre certains raisonnements de la justice » écrit l’organisation. Les responsables du ministère étaient toujours injoignables vendredi soir.

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