Tunisie: renforcement des lois sécuritaires

En Tunisie, pour faire face aux attaques jihadistes de plus en plus nombreuses, les autorités renforcent la législation sécuritaire. Une nouvelle loi anti-terroriste est à l'étude par le Parlement, mais aussi un autre texte très controversé sur la « répression des atteintes aux forces armées ». Dans un communiqué, plusieurs organisations de la société civile tunisiennes demandent son retrait, estimant ce texte contraire à la liberté d'expression, craignant qu'il ne marque un retour aux méthodes de l'ancien régime.

Le texte vise à protéger les forces de l'ordre en première ligne face aux jihadistes en Tunisie. Depuis 2011, plus d’une soixantaine d'agents de l'armée, de la police ou de la gendarmerie ont été tués dans des accrochages avec des groupes armés d’al-Qaïda ou du tout nouveau groupuscule de l'Etat islamique.

Si ce projet passe à l'Assemblée nationale, il permettrait aux autorités d'empêcher la diffusion de certaines informations pouvant fragiliser l'armée et rendrait passible de prison ceux qui les diffuseraient.

Dans un communiqué signé par une vingtaine d'organisation, comme le puissant syndicat UGTT, la société civile tunisienne s'inquiète d'un retour aux pratiques de l'ancien régime. Mouhieddine Cherbib est signataire de ce document : « La liberté d’expression qui est garantie par la Constitution est aujourd’hui attaquée de front. Les journalistes, ou n’importe qui, peut divulguer une information, n’importe laquelle, que détiennent les forces de l’ordre, il est condamné jusqu’à dix ans de prison. L’avilissement des forces de sécurité intérieure elle aussi passible de deux ans de prison. C’est le retour de ces forces qui inquiète parce que ça nous rappelle aussi des moments sombres d’avant la révolution et le rôle que jouait la police dans le système de Ben Ali ».

Actuellement, la législation tunisienne permet déjà à l'armée de poursuivre et de juger dans ses propres tribunaux militaires des citoyens accusés d'avoir insulté l'institution. C'est le cas du blogueur tunisien, Yassine Ayari, lui même fils d'un colonel tué face aux jihadistes en 2011 et condamné à six mois de prison ferme pour « atteinte à l'armée », après un statut posté sur Facebook.

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