Afrique du Sud: le «Obama de Soweto» à la tête de l'opposition

En Afrique du Sud, l'Alliance démocratique (DA), premier parti d'opposition dans le pays, a élu un nouveau leader. Mmusi Maimane, jeune et dynamique, est le premier Noir à prendre la tête de la DA. Le parti était dirigé, depuis 2007, par Helen Zille.

Dans son ultime adresse au parti, Helen Zille a rappelé que ce week-end marque un tournant dans l'histoire de l'Alliance démocratique (DA). Très émue et acclamée par la foule, elle a appelé la DA à rester unie pour construire un parti fort, capable de concurrencer l'ANC.

Helen Zille a notamment rappelé que son successeur devrait conquérir un maximum de municipalités lors des élections locales de 2016, un scrutin qui s'annonce crucial pour l'opposition. Largement soutenu par les différentes structures du parti, c'est Mmusi Maimane, un homme réputé très religieux - il prêche dans une église évangélique -  qui succède à Helen Zille.

« Parti blanc » ?

A 34 ans, il est le premier leader noir à prendre la tête de l'Alliance démocratique, souvent qualifiée de « parti blanc » par l'ANC qui l'accuse de « vouloir ramener l'apartheid » en Afrique du Sud. Depuis 1999, la DA a progressé à chaque élection et séduit désormais de plus en plus les classes moyennes noires. Aux dernières élections, le parti a récolté 22% des suffrages, une percée historique mais encore loin d'inquiéter l'ANC, parti au pouvoir depuis vingt ans en Afrique du Sud. Avec ne nouveau leader, la DA espère élargir sa base électorale et se donner un nouveau souffle.

Jeune, dynamique, et éduqué, celui que l'on surnomme parfois « le Barack Obama de Soweto », est né et a grandi dans ce grand township de Johannesburg, en pointe dans la lutte contre l'apartheid, dans une famille plutôt ANC. Diplômé en théologie et en administration publique, Mmusi Maimane dit vouloir unir les Sud-Africains au-delà de leur couleur de peau. Il est lui-même marié à une jeune femme blanche, qu'il a rencontrée à l'église et parle plusieurs langues sud-africaines.

Jacob Zuma comme anti-modèle

Sur le plan politique, Mmusi Maimane s'est construit en opposition au président Jacob Zuma. D'abord soutien de l'ANC, le jeune homme n'a rejoint la DA qu'en 2009, déçu par la démission de Thabo Mbeki. Considéré comme le protégé d'Helen Zille au sein de l'Alliance démocratique, Mmusi Maimane a conduit la liste du parti aux élections municipales à Johannesburg en 2011, puis l'an dernier dans la province du Gauteng. A chaque fois, il est parvenu à engranger des scores honorables face à l'ANC.

Après les dernières élections, il est devenu chef du groupe parlementaire DA à l'Assemblée nationale. Connu pour ses talents d'orateur, Mmusi Maimane a lancé un avertissement à l'ANC et promis à ses militants : « Nous serons le prochain gouvernement ».

Mais si Mmusi Maimane bénéficie d'une aura de sympathie, certains lui reprochent son manque d'expérience politique et une image lisse qui pourrait lui nuire à long terme. Car au-delà du test des prochaines élections locales, Mmusi Maimane devra aussi se prononcer sur des questions politiques cruciales et prendre position face à l'ANC.

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