Après la vague de violences que la Centrafrique vient de traverser, le pays peut-il faire l’économie d’un procès des auteurs d’exactions ? Pour Ibrahim Hassan Frédé, de la coordination des organisations musulmanes de Centrafrique, cela semble impossible. Il faut notamment, dit-il, que les pillards soient punis et les biens restitués. « La justice doit faire son travail de traquer les casseurs, indique-t-il. Depuis le 5 décembre, beaucoup de casseurs sont en train de vendre ce qu’ils ont récupéré, et ce au vu de tout le monde. »
Dans l’amphithéâtre du ministère des Affaires étrangères où l’on débat de justice et réconciliation, la position ne fait pourtant pas l’unanimité. Les anti-balaka présentent leur point de vue. Il faut selon eux une amnistie pour aider la réconciliation. Le commandant Dieudonné Ouranti est le comzone anti-balaka pour l’Ombella-Mpoko, la préfecture qui entoure la capitale : « Nous ne sommes pas des criminels, nous sommes des soulèvements populaires, justifie-t-il. Nous sommes des patriotes. On confond les bandits de grand chemin avec les anti-balaka. C’est ça notre problème. Notre proposition c’est de faire sortir tous les Centrafricains qui se trouvent dans les maisons d’arrêt. »
Au-delà de ces désaccords, les échanges de mercredi ont été marqués par une grande qualité d’écoute. Victimes et bourreaux étaient réunis dans la même salle, parfois à quelques sièges seulement d’intervalle et ni colère, ni haine, ni invective n’ont transparu dans les prises de parole.