La plupart des migrants partent actuellement des côtes libyennes. On a appris récemment que dans ce pays près de 7 000 migrants, majoritairement africains, ont été arrêtés et sont détenus dans 16 centres de rétention. Parmi eux beaucoup de Sénégalais prêts à tenter la traversée.
Au pays, des associations tentent d’enrayer le flux des départs. Une mission difficile pour Djiby Diakhate, sociologue, enseignant-chercheur, université Cheickh Anta Diop : « Le plus souvent, c’est toute la famille, toute la communauté qui se mobilise pour permettre aux jeunes de partir. Donc ce n’est pas une initiative [individuelle]. Et je crois que c’est un discours faux que de considérer que c’est les jeunes seulement, candidats à l’immigration, qui sont les [seuls] concernés. C’est des familles entières qui font de la cotisation. C’est des communautés entières qui se cotisent pour permettre à certains membres d’aller en Europe, en pensant que lorsque ces gens partiront, ils vont constituer finalement la clé des solutions à leurs problèmes ».
Sensibiliser les communautés, c’est ce que tente de faire Bara Ndoye. Il est le secrétaire général de l'association des clandestins rapatriés et familles affectées de Thiaroye-sur-mer : « Depuis 2006 jusqu’à nos jours, il n’y a plus de départ par les voies maritimes, parce qu’on a procédé d’abord par les voies de sensibilisation et le porte-à-porte pour décourager les jeunes en partance. Nous avons fait appel à toutes les responsabilités de Thiaroye-sur-mer et nous avions organisé un symposium en 2009 avec le gouvernement catalan ; un symposium qui a duré presque un mois, avec des exposés et des photos, où les enfants – on les a vus – les bras déchiquetés, les corps ensanglantés et tout. Là, on a essayé de les décourager par le phénomène des photos ».
Une mobilisation nécessaire, car Thiaroye-sur-mer a été particulièrement touchée en 2006 par le phénomène des départs avec des dizaines de morts et de disparus en mer.