« Vous avez rapatrié L’Étranger dans votre culture, vous avez fait de Camus un indigène à part entière (…). Votre contre-enquête algérienne, nous allons la rapatrier à notre tour dans le trésor de la littérature » a déclaré Régis Debray, l’un des dix membres du jury qui a décerné le prix à Kamel Daoud.
Devenu un des combattants les plus visibles des milieux intégristes, l’auteur vit depuis décembre sous la menace d’une fatwa. « Je ne suis pas l’homme d’un seul livre contrairement à ce qu’on croit parce que je pense que cela mène à deux maladies : soit la vanité, soit une guerre de religion », a proclamé Daoud lors de la réception du prix Goncourt du Premier roman.
Meursault, contre-enquête est une prolongation aussi délicieuse que subversive de L’Étranger d’Albert Camus. Une aventure littéraire afin d’interroger notre monde actuel. Dans son roman, dès la première phrase, Kamel Daoud affiche la couleur : « Aujourd’hui, M’ma est encore vivante. » Une réponse étonnante et osée, envoyée en direction du fameux début de L’Étranger d’Albert Camus : « Aujourd’hui, maman est morte ». Toute l’intrigue du roman vient de là, de cette contestation radicale du point de départ et du point de vue de l’une des plus célèbres œuvres de la littérature contemporaine.
Déjà traduit en 13 langues et récompensé par le prix François-Mauriac et le Prix littéraire des 5 Continents, le livre de Kamel Daoud sera bientôt adapté au théâtre par Philippe Berling qui présentera sa pièce Meursaults au Festival d’Avignon.