Signe que tous les étudiants de l'université du Burundi sont unanimes, ce sont leurs 300 délégués de classe, tous en costume noir, symbole de leur douleur, qui ont entrepris, mardi 21 avril, de marcher sur la prison centrale de Mpimba, dans le sud de la capitale Bujumbura, pour aller voir leurs deux condisciples écroués dans cette maison d'arrêt depuis une semaine.
Les délégués ne sont pas allés bien loin. La police du Burundi avait déployé sur leur chemin plusieurs centaines de policiers qui les ont stoppés net. « Nous avons organisé une marche que nous avons appelé la longue marche à la recherche d'une justice indépendante. Après un certain temps, on nous a arrêtés. Nous étions obligé de retourner ici », explique Simon-Marie Rurasuma, le représentant général des étudiants de l'université publique. Sans discussion, ni aucun mot de protestation, les délégués ont tous rebroussé chemin, toujours en silence, jusqu'au campus de Mutanga où les attendaient les autres étudiants.
Les étudiants risquent jusqu'à cinq ans de prison
A l’université, les élèves étaient en grève mardi matin. « Aujourd'hui, nous avons boycotté les cours parce que nous avons voulu soutenir nos camarades qui ont été incarcérés injustement. Lorsque nous avons appris ce qui s'était passé, nous avons été très fâchés », témoigne Claver, qui étudie à la faculté de lettres.
Les deux étudiants en prison ont été arrêtés le 12 avril dernier. Leur tort ? Ils auraient chanté des chansons contre le président burundais Pierre Nkurunziza il y a deux semaines, alors que son parti organisait une grande manifestation en faveur d’un troisième mandat. Accusés d' « outrage à chef d'Etat », ces étudiants burundais risquent jusqu'à cinq ans de prison.