RDC : des conflits alimentés par le trafic des ressources naturelles

En République démocratique du Congo (RDC), les conflits dans l'est du pays sont alimentés par le trafic des ressources naturelles. C'est le constat fait par le Programme des Nations unies pour l'environnement (Pnue). Or, bois, ivoire et minerais, l’exploitation illégale de ces ressources se chiffre à 1,3 milliard de dollars par an. Les groupes armés ne reçoivent, en réalité, qu'une portion minime de cette somme. Ils sont, en grande majorité, captés par des gangs criminels transnationaux notamment basés en Ouganda, au Rwanda et au Burundi, selon le rapport. Ces gangs, explique Ibrahim Thiaw, directeur exécutif adjoint du Pnue, ont une tactique, à savoir, alimenter - juste assez - les groupes armés, pour prolonger un chaos qui leur est bénéfique.

« Plus d’un milliard de dollars sont exploités annuellement en ressources naturelles et la majorité des profits - jusqu’à 98% des bénéfices - vont vers des groupes internationaux. Les 2% qui restent - 13 millions de dollars - alimentent des groupes armés internes qui sont, en fait, manipulés. C’est un peu le principe de diviser pour mieux régner, afin qu’un groupe ne puisse jamais être dominant, et perpétuer ainsi un cycle de conflits qui bénéficie lui-même aux exploitants des ressources naturelles », a déclaré, à RFI, Ibrahim Thiaw, directeur exécutif adjoint du Pnue.

« Il s’agit donc d’un système extrêmement complexe où l’insurrection politique semble être maintenant reprise par une forme d’insurrection économique - si je peux m’exprimer ainsi - de manière à ce que le conflit puisse se perpétuer en longueur », a-t-il ajouté.

« La République démocratique du Congo est un pays riche en ressources naturelles et nous avons constaté que les Etats fragiles et riches en ressources naturelles ont crû deux à trois fois moins vite que les pays les plus pauvres en ressources naturelles. Par conséquent, c’est comme si la richesse en ressources naturelles est devenue, en quelque sorte, un malheur », a spécifié le directeur exécutif adjoint du Pnue.

Pourtant, « désarmer chaque groupe individuellement n'empêchera pas leur réappartion », conclut donc le rapport du Programme des Nations unies pour l'Environnement. Pour mettre fin durablement au conflit, « il faut intégrer la problématique des ressources dans les efforts de paix », insiste Ibrahim Thiaw.

 

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