Beaucoup craignaient des violences. Des commerces avaient baissé le rideau, des ambassades appelé leurs ressortissants à ne pas se promener dans le centre-ville de Bujumbura samedi. Il n’en a rien été. Le parti présidentiel burundais a réussi à organiser sa plus grande manifestation dans les rues de Bujumbura depuis des années dans le calme.
Combien étaient-ils ? 50 000 selon les organisateurs, mais probablement plus proches des 10 000 estimés par un haut gradé de la police. Le parti au pouvoir au Burundi y avait mis les moyens : des dizaines de camions ont sillonné tout le pays et ramené à Bujumbura deux responsables du parti par colline, l’entité de base ici. Organisés en quatre cortèges partis des quatre points cardinaux, ils ont alors convergé vers un terrain de football près du lac Tanganyika pour un grand meeting à l’américaine.
« Nous sommes ici pour rassurer les militants et pour démontrer notre unité », a martelé le président du parti Pascal Nyabenda, dans un discours entrecoupé de chansons, des grands classiques du parti repris en chœur par toutes les poitrines.
Absent de ce premier grand meeting du parti, le président Pierre Nkurunziza a pourtant été omniprésent. Le parti ne s’en cache pas, cette manifestation a été organisée pour resserrer les rangs face aux frondeurs, un mouvement de cadres de ce parti qui contestent au président Nkurunziza le droit de briguer un troisième mandat présidentiel en juin. Malgré la chasse à l’homme lancée contre eux, ce mouvement perdure.
Ce troisième mandat fait également face à l’hostilité de la société civile et de l’opposition burundaises, et la communauté internationale ne cache plus tout le mal qu’elle pense de cette perspective. « Ceux qui s’amusent à dire que Nkurunziza ne sera pas notre candidat veulent nous provoquer. Nous leur disons 'foutez-nous la paix'. Ils sont libres de choisir leur candidat pour entrer en compétition avec lui. Aujourd’hui nous leur disons encore 'foutez-nous la paix' », lance Michel, un membre de la ligue des jeunes Imbonerakure. Et ces Imbonerakure ont annoncé la couleur dans leurs chansons. Ils assurent que Pierre Nkurunziza sera candidat. Ceux qui s’y opposent ? « Nous allons les casser ».