Pour les proches de Marwan Douiri, alias Emino, c’est l’incompréhension qui domine. « Il chantait la vie, il chantait des chansons engagées contre la police, il parlait de la drogue, il parlait des jolies filles, de la répression que subissait la jeunesse de notre pays », raconte l'avocat du rappeur, Me Ghazi Mrabet, qui l’a défendu alors qu’il était poursuivi par la justice tunisienne pour sa consommation de drogue ou ses paroles contre la police.
Il affirme avoir vu son client changer après une condamnation à deux ans de prison en 2013. Pour lui, cette répression en Tunisie contre les jeunes, peut être en partie à l’origine de sa radicalisation. « Il en [avait] marre de la répression anti-jeunes. Plusieurs procès [ont été] intentés aux rappeurs, aux jeunes, aux artistes, ces trois dernières années. Il était parmi ceux qui étaient condamnés, et pour moi, c'est la principale raison. »
Interrogé par notre envoyé spécial en Tunisie, David Thomson, Me Ghazi Mrabet rappelle qu'Emino vient d'un milieu « plutôt aisé, de la classe moyenne tunisienne. Il est d'un certain niveau intellectuel, ses parents aussi, sa mère travaille au ministère de la Justice. » Il ajoute que « devenir jihadiste est quelque chose qui fait mal au coeur et [que] c'est contraire aux principes de la Tunisie qui essaie de bouger vers une démocratie. Je pense que les enfants du quartier peuvent être à l'origine de cela, les mosquées prêchent souvent la haine, et aussi les réseaux sociaux. »