Légalement, le délai pour être déferré devant le parquet est de 48 heures quelles que soient les accusations. Mais en République démocratique du Congo, ce laps de temps est régulièrement étendu. Et selon les défenseurs des droits de l’homme, la pratique est devenue plus fréquente ces dernières semaines, depuis les manifestations du mois de janvier à Kinshasa, notamment contre un troisième mandat du président Kabila.
Résultat, sont toujours détenus à l’Agence nationale de renseignement, la dizaine de militants de la société civile arrêtés dimanche après une conférence de presse sur l'engagement des jeunes pour une alternance démocratique.
Ils ne sont pas seuls. Interpellé le 22 janvier dernier à Goma, lors d’une manifestation contre la loi électorale, Ernest Kyaviro, responsable local du parti d’opposition RCD-KML, a été transféré à Kinshasa, mais n’a toujours pas été notifié de ses charges. Il n’a pas non plus pu rencontrer sa femme ou un avocat.
Idem avec le secrétaire général du Parti Solidarité congolaise pour la démocratie. Cyrille Mupapa Dowe, arrêté le 19 janvier, attend toujours l’instruction de son dossier.
Enfin plus récemment, Bruno Tshibangu Kabaji, vice-président de l’UDPS à Lubumbashi a été arrêté le 6 mars et pas encore présenté devant un juge.
Des violations du droit à la défense et au procès équitable que dénoncent régulièrement les organisations de défense des droits de l’homme en RDC, sans jamais obtenir de changement.