« Revenir à la Terrasse, c’est notre façon de lutter, à notre manière. » Assis tout seul à une petite table, Mohamed est le tout premier client mais pas n’importe lequel. Il est le frère du gérant. « On espère qu’il y aura du monde même si les évènements de vendredi planent encore dans les têtes, mais nous espérons qu’il y aura des gens comme moi qui vont avoir le courage », explique-t-il.
Pour Joëlle, la nièce du patron attablée au bar ce n’est pas une question de courage, ni de peur : « On a un peu tout vécu ici entre le coup d’Etat, Ebola, la guerre donc voilà non je n'ai pas du tout peur. J’ai même laissé les enfants à la maison sans crainte et je suis là pour montrer que quoiqu’il arrive on ne se laissera pas faire. »
La motivation est la même pour cet ancien policier français de passage au Mali. Il s’est assis volontairement là où le premier client a été tué vendredi dernier. « La symbolique est tout à fait là, on est ici à l’endroit où se trouvait ce pauvre garçon qui a été tué, détaille-t-il. Quand j’étais en France et que j’ai entendu ce drame, j’ai tenu personnellement dès que l’établissement serait ouvert à démontrer qu’en fait la terreur n’a pas sa loi au Mali, ni à Bamako. »
Bamako ou Paris, c’est finalement la même chose explique, Madani : « Finalement, où est-ce qu’on est à l’abri maintenant dans ce monde chaotique ? Qu’on soit ici à Bamako, à Paris et je ne sais où on n’est à l’abri nulle part. Donc tant qu’à faire faisons, on est là. » Maliens, Libanais ou Français, ceux qui étaient présents samedi soir, faisaient partie du premier cercle d’amis et de proches. Les serveuses, elles, encore sous le choc se sont une à une décommandées pour cette soirée pas comme les autres.