A la RTB, le prompteur du présentateur est en panne depuis des mois. Les caméras et les magnétos sont fatigués, le matériel a été en partie détruit au moment de la révolution. Mais peu importe, le journal débute à 20 heures précises, ce dont se félicite Jérémy Sié Coulabaly, le nouveau rédacteur en chef de la RTB : « Lorsqu’on réalise ici le journal à la télévision, c’est un miracle. »
En novembre dernier, lorsque la transition s’est mise en place, journalistes et techniciens de la RTB ont été les premiers à manifester pour dénoncer le musellement du pouvoir politique. Quatre mois après, cette indépendance n’est pas encore gagnée, estime Simon Gomgo, journaliste et présentateur de l’émission de débat « Controverse » : « La liberté s’acquiert. On ne va pas dire qu’elle est concrète. C’est à nous de l’entretenir pour pouvoir arriver à l’indépendance réelle qu’on recherche. »
Principal problème pour les dirigeants de la télé nationale, les finances. A tel point que certains reportages diffusés dans les journaux sont toujours payants. « Il faut bien que quelqu’un paye puisque la télévision n’a pas une cagnotte, n’a pas d’argent disponible pour financer cela, explique Jérémy Sié Coulabaly. Si on reste dans une telle situation, un jour, la télévision burkinabè va devenir peut-être comme en Grèce, on va fermer. Et nous, on va se chercher ici. »
Le 20 heures se termine sur un sans faute. Un technicien s’exclame : « Le miracle a encore eu lieu. »