Procès de Karim Wade: fin des plaidoiries, verdict attendu le 23 mars

Au Sénégal, les plaidoiries du procès de Karim Wade se sont achevées, jeudi 19 février. Ce procès pour enrichissement illicite présumé avait débuté le 31 juillet dernier, et a canalisé l'attention du public pendant plusieurs semaines.

La justice a enquêté sur un patrimoine de 178 millions d'euros, composé de sociétés aéroportuaires et de biens immobiliers, de comptes bancaires et de véhicules de luxe. Un patrimoine au montage financier complexe, qui aurait été bâti lorsque Karim Wade était ministre. Des filiales de façades, des sociétés-écrans placées dans les secteurs clés de l'économie sénégalaise, dont le seul but était de ponctionner de l'argent public. Ce système d'enrichissement illicite, c'est celui décrit par l'accusation. A sa tête, un noyau dur, Karim Wade et son complice présumé Bibo Bourgi qui utilise toujours le même « modus operendi », selon Simon Ndiaye, avocat de la partie civile.

Tout au long du procès, Karim Wade n'a quasiment pas changé de position : l'ancien ministre de l'Energie et des Transports aériens, s'est dès le début présenté comme un « détenu politique ». Mais dans une déclaration lue au président de la Cour au début du procès, Karim Wade a rejeté ces accusations en bloc : « Les sociétés visées m'ont été arbitrairement imputées et sans aucun fondement juridique, affirme l'ancien ministre. J'ignore tout d'elles, souligne-t-il, de leur création, et de leur fonctionnement. Je n'en suis ni le fondateur, ni l'actionnaire. » Puis tout au long du procès, Karim Wade s'est retranché dans un long silence, refusant de répondre aux questions de la Cour, des avocats et aux confrontations avec les témoins.

« Rien que pour le compte de Monaco, les revenus légaux sont largement dépassés et les explications fournies ne sont pas suffisantes », déclare le procureur adjoint lors de son réquisitoire. Mais les preuves ne reposent que sur l'opacité des témoignages réplique la défense, car le nom de Karim Wade n'apparaît sur aucun registre, dit-elle. Pour l'accusation, ce procès est celui de la mal gouvernance. « Bien que son nom n'apparaît pas clairement dans la plupart des biens qui lui sont attribués, explique Me Simon Ndiaye, Karim Wade a un rôle prépondérant » dans « la mal gouvernance ».

« On nous réduit à être des laquais qui créent des sociétés offshores et qui endossent des noms de code aussi inutiles que ridicules », argumente Bibo Bourgi, seul à la barre, en l'absence de ses avocats. Car c'est un tableau rarissime que le procès a offert cette semaine. Presque aucun avocat n’était sur le banc de la défense. Le principal accusé était lui aussi absent du box. Reste à la cour de rendre son jugement. L'affaire est mise en délibéré jusqu'au 23 mars. Le Parquet a requis sept ans de prison et plus de 380 millions d'euros d'amende contre Karim Wade.

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