Michel Gbagbo attend toujours son tour très élégant dans son costume cravate. Depuis ce matin, trois personnes ont été entendues : Martin Sokouri Bohui, qui était chargé des élections au FPI, le Front populaire ivoirien, le parti de Laurent Gbagbo, Aboudramane Sangaré, l’homme de confiance de l’ancien président ivoirien, ainsi que Philippe-Henry Dacoury-Tabley, l’ancien gouverneur de la BCEAO.
L’audience se passe dans le calme, les questions sont très ouvertes. On a par exemple demandé à Aboudramane Sangaré, l’ancien ministre des Affaires étrangères, s’il avait déjà entendu parler de miliciens ou alors quel type de résolutions de la crise il avait proposées. Philippe-Henry Dacoury-Tabley, lui, a affirmé avoir eu à plusieurs reprises l’impression d’être « comme un cheveu sur la soupe ».
L’idée est de savoir quelle signature il avait reconnue après le second tour de l’élection présidentielle, celle de Laurent Gbagbo ou celle d’Alassane Ouattara. Mais il a refusé de trahir le secret professionnel et aucun document n’a été présenté pour attester qu’il avait approuvé la signature de l’un ou de l’autre. L’économiste s’est plaint d’avoir été battu après son arrestation. Il a affirmé subir encore les séquelles de ces mauvais traitements. Il a d’ailleurs comparu assis.
Ce qui frappe lors de ces audiences, c’est l’ambiance détendue, voire bon enfant, mais c’est surtout l’absence de faits précis reprochés aux accusés. On explique par exemple que Martin Sokouri Bohui a prononcé un discours haineux à l’égard d’Alassane Ouattara, mais sans présenter ce discours. On a du mal à comprendre ce que l’avocat général et l’avocat de l’Etat de Côte d’Ivoire tentent de prouver. Le ton est parfois maladroit, mais surtout, ce qui devrait être un interrogatoire tourne le plus souvent à la conversation.