Il y a dix jours déjà, le conseiller national à la sécurité du président Goodluck Jonathan avait plaidé en faveur d'un report. Sambo Dasuki avait invoqué sans vraiment convaincre le retard pris dans la distribution des cartes d'électeurs. Cette fois-ci, c'est le motif sécuritaire et les opérations militaires en cours contre Boko Haram qui ont été mises en avant.
De toute évidence, le président de la Commission électorale nationale indépendante y a été sensible. L'opposition s'était clairement prononcée pour le maintien du scrutin au 14 février. Le candidat Muhammadu Buhari s'est exprimé lors d'une conférence de presse plus tard dans l'après-midi ce dimanche. « Un revers pour la démocratie », c’est en ces termes que le parti d’opposition All Progressives Congress APC a qualifié le report des élections. Dans son communiqué, le parti de Muhammadu Buhari a néanmoins appelé ses partisans au calme et à ne pas tomber dans « le piège » qui leur est tendu. Sur les réseaux sociaux l’APC déclare que le report n’empêchera pas la victoire de son candidat.
Des observateurs du scrutin mettent en doute la sincérité des arguments invoqués par le camp du président sortant pour obtenir un report. Le groupe Boko Haram peut-il réellement être neutralisé en moins de six semaines ? Pourquoi ce report à seulement sept jours du scrutin ?
Pour l'universitaire nigérian Muhammed Kiary, les réponses ne font aucun doute : l'équipe du président sortant sent la victoire lui échapper et souhaite gagner du temps, afin d'épuiser financièrement l'opposition. D'autres observateurs soupçonnent le camp Jonathan de vouloir frauder ou même instaurer un climat de violence pour déclarer l'état d'urgence et obtenir un deuxième report du scrutin.