Avec notre envoyé spécial au Liberia,
Encore récemment, Elwa 3 ressemblait à une usine, grouillante de soignants s’affairant près des malades, dans le chuintement incessant des sprays désinfectants. Des sections entières de lits sont redevenues des terrains vagues.
« Au début on ne se demandait pas combien de temps on allait rester, un an, dix ans. On était dans l’urgence, raconte Samuel Zucker, responsable hygiène qui a vu son équipe réduite de moitié. Maintenant on retourne à notre ancienne vie. Et demain ce sera peut-être mon tour. Je referai du commerce de minerai. Enfin, je n’aurai plus à porter de combinaison ! Je serai libre ! Mais je prendrai d’abord un mois de vacances , pour laisser mon esprit oublier Ebola ».
Evelyne est infirmière. Elle vient de soigner un jeune de 13 ans, unique malade confirmé du camp aujourd’hui. « En août, explique-t-elle, je travaillais dans neuf sections différentes et chacune avait 30 lits. On avait tellement de malades... Maintenant c’est beaucoup moins stressant. Et je sais qu’un jour on aura zéro cas et je pourrai rentrer chez moi, dans l’Est. »
Mais MSF reste sur ses gardes. En cas de besoin, l’organisation peut augmenter sa capacité à 120 lits en 24 heures. « L’épidémie n’est pas terminée, dit Duncan Bell, responsable du camp. Un cas peut créer une reprise. On ne peut pas baisser la garde. Il reste du travail pour arriver à zéro malade. Et là on devra encore attendre 42 jours pour déclarer la fin de l’épidémie. »
Une vigilance encore indispensable. D’autant qu’avec la baisse des cas, certains malades ne pensent pas avoir contracté Ebola, et arrivent trop tard à l’hôpital.