A la mi-journée, dans les différents bureaux de vote où RFI a pu se rendre, très peu de monde ; moins que durant les précédentes législatives du mois dernier. Peu de jeunes surtout. Le taux de participation était estimé à 11 heures (locales) à environ 12% par l’instance chargée d’organiser ces élections. Pas non plus de grand enthousiasme. Ce scrutin s’avère complètement dépassionné. Certains journaux arabophones n’accordent d’ailleurs qu’une petite place en Une à cette présidentielle.
Un scrutin et de de multiples inconnues
Première grande inconnue, à qui va profiter le vote des islamistes ? Le parti Ennahda a choisi de ne pas présenter de candidat, et cette absence de taille va forcément rebattre les cartes. Y aura-t-il un éparpillement des voix ou Moncef Marzouki, l’allié d’Ennahda dans le précédent gouvernement, va-t-il récupérer la grande majorité des électeurs du parti ? La réponse déterminera la présence du chef de l’Etat sortant lors d’un second tour qui parait inévitable avec 27 candidats.
Autre question : le parti Nida Tounes va-t-il confirmer sa position de leader ? Beaucoup l’avaient soutenu il y a un mois aux législatives surtout pour dire non à Ennahda. Les islamistes n’étant pas dans la course cette fois-ci, certains électeurs de Béji Caïd Essebsi pourraient décider d’aller voir ailleurs.
L'enjeu, ce sont les alliances qui émergeront de cette élection et la stabilité politique du pays après une transition mouvementée, marquée par l’assassinat de deux leaders de la gauche et la montée du terrorisme. Sans stabilité politique, tous s’accordent à dire qu’il ne sera pas possible de relever économiquement le pays et de rétablir la sécurité. Le message que délivreront ce dimanche les Tunisiens sera déterminant pour les mois qui viennent.
Quid de la sécurité ?
La question de la sécurité du scrutin est, elle, loin d’être éludée si l’on en croit les déclarations du ministre tunisien de la Défense, Ghazi Jeribi, au micro de RFI. « Depuis l’indépendance de la Tunisie, c’est la première fois que l’électeur tunisien se rend à un bureau de vote et qu'il sait que sa voix va compter », souligne le ministre.
Mais la menace terroriste est pourtant bien présente. « Les terroristes ont cet objectif de faire peur, mais la proportion du nombre d’électeurs qui ont voté à l’occasion des élections législatives démontre bien que le Tunisien n’a pas peur et que l’électeur tunisien a confiance dans les forces armées tunisiennes et dans les forces de sécurité intérieures, » précise Ghazi Jeribi.
Néanmoins, par mesure de sécurité, une cinquantaine de centres de vote frontaliers n’ouvriront leurs portes que de 10 à 15 heures (locales) et auront l’autorisation de débuter leur dépouillement immédiatement.