À l’ouverture de l’audience, les avocats de la partie civile interrogent l’accusé sur des faits datant des années 1983 - 1984. Il est question de disparitions et d'extorsions de fonds. Des faits qu’il ne reconnaît pas.
Ensuite, des anciens prisonniers de la DDS défilent à la barre.« J’ai été arrêté au bord du fleuve Chari. On m’a accusée d’être en contact avec les rebelles. J’étais battue, piétinée par des agents à qui Saleh Younous a demandé de faire leur travail », raconte dame Fatimé. « Parfois, on m’amenait au bord du fleuve pour me gaver d’eau, j’ai vu plusieurs dizaines de personnes mourir de faim », ajoute-t-elle.
L’ancien directeur de la DDS dit ne pas souvenir de dame Fatimé mais admet que les conditions de détention étaient mauvaises. « Hissène Habré nous a dit un moment de ne servir qu’un repas par jour », indique-t-il.
Un autre prisonnier, presque sourd et ayant perdu la vue raconte avoir été arrêté par méprise. « Ils m’ont pris pour un Libyen. Pour me faire avouer, j’ai subi différentes formes de tortures. Des baguettes qui vous bloquent le sang dans la tête, des coups sur les parties génitales ou sur les doigts. J’étais surnommé "Sabagalmot", c'est-à-dire, "celui que la mort a abandonné" »raconte Robert-Hissein, qui dit avoir été conduit un jour dans le bureau de Saleh Younous, après une séance de torture.
« Là aussi, je ne m’en souviens pas », reprend l’ancien patron de la DDS qui dit respecter la mémoire des morts et les souffrances des victimes, mais nie le fait d’y avoir été directement associé.