Etats-Unis: la cohabitation, une situation pas si inhabituelle

Après avoir perdu la majorité au Sénat, Barack Obama va donc gouverner dans une situation de cohabitation, pendant les deux dernières années de son mandat, puisque la Chambre des représentants reste républicaine. C’est un revers pour le président, même si la situation n’est pas inhabituelle.

Avec notre correspondante à Washington, Anne-Marie Capomaccio

On appelle cela aux Etats-Unis le blues du second mandat. Les électeurs sont fatigués de leur président, aux affaires depuis six ans, et votent pour l’opposition. C’est donc la situation dans laquelle se trouve Barack Obama. Une cohabitation qui est un handicap pour mener à terme des réformes d’envergure et qui demande un esprit de compromis.

James Baker, ancien secrétaire au Trésor de Ronald Reagan, donnait hier une petite leçon de cohabitation à Barack Obama : « James Bush père a fait face à un Congrès entièrement démocrate, et il a pu mener à bien beaucoup de choses. C’est possible mais cela demande du travail. Vous devez accepter de vous adoucir pour obtenir des compromis avec l’autre parti. »

Le président sait « très bien ce qui lui reste à faire »

«Mais, continue M. Baker,  je vous renvoie aux présidences Clinton, Bush, et Reagan pour savoir comment ça marche. Je pense que si le président étudie ces cas, il saura très bien ce qu’il lui reste à faire. »

Les Américains sont sans doute d’accord avec James Baker, car, à près de 80% ils estiment que leur Congrès ne fait pas son travail, alors que la Constitution américaine est bâtie autour de l’idée d’équilibre et de compromis...

Légiférer par décret...

Barack Obama n’a pas mis sa menace à exécution avant ces élections de mi-mandat, mais il l’a promis : le dossier immigration sera géré par décret. Cette disposition constitutionnelle ne permettra pas de mettre en œuvre le projet dans son ensemble, renforcement des contrôles aux frontières, et passerelles de régularisation complexes. Ce qui semble se profiler est un arrêt des expulsions.

Cette gestion par décret, prérogative du président est prévue dans la Loi fondamentale pour les sujets importants. Ces décrets ne doivent pas être contraires à la Constitution. Ils sont susceptibles d’être contestés. Mais en réalité cela a rarement été le cas. Même si les républicains ont beaucoup menacé de le faire, si Barack Obama venait à gérer ainsi cette cohabitation.

Le président n’en a jusque là pas abusé. Barack Obama a utilisé cette procédure moins de 200 fois en 6 ans contre le double pour la plupart de ses prédécesseurs de ces 60 dernières années. En 1954, c’est par décret que le président Eisenhower avait, par exemple, imposé la fin de la ségrégation raciale dans les écoles américaines.


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