De notre envoyé spécial à Monrovia, Sébastien Németh
On les entend passer en trombe dans la ville : les ambulances de Saah Joseph sont connues de tous. L’élu, déjà populaire pour ses actions humanitaires, avait aussi l’habitude d’amener des personnes à l’hôpital dans sa voiture. Sauf qu’en octobre, cinq sont mortes avant d’arriver, à cause du trafic routier. D’où l’idée des ambulances : « On a tous un rôle à jouer. C’est comme si un pays appelé Ebola avait déclaré la guerre au Libéria. On doit défendre notre nation. Notre culture est attaquée. On ne se serre plus la main, on ne s’enlace plus à cause de cette peur. »
Saah Joseph a emprunté 100 000 dollars pour financer son concept. Il a donné son numéro personnel dans les médias et, depuis, son téléphone sonne sans arrêt, les gens l’interpellent dans la rue. Il reconnaît d’ailleurs sa popularité : « Beaucoup me connaissaient car j’ai été réfugié. Et cette crise a renforcé ma relation avec les Libériens. Certains me décrivent comme un héros, une icône, je prends ça comme un encouragement à faire plus. »
Sa photo est imprimée sur ses ambulances. Et certains détracteurs le soupçonnent d’avoir des objectifs électoraliste plutôt qu’humanitaires : « C’est leur point de vue. Moi je ne changerai pas. Travaillons d’abord et laissons les Libériens décider. » Saah Joseph attend quatre ambulances supplémentaires. De quoi renforcer son image de coqueluche des Libériens.
■ Nkosazana Dlamini-Zuma en visite au Liberia
La présidente de la Commission de l'Union africaine se rend ce jeudi au Liberia et en Sierra Leone. Elle ira ensuite en Guinée. C'est sa première visite dans les pays touchés par Ebola. Elle est accompagnée du secrétaire exécutif de la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (UNECA), le Dr Carlos Lopes, et du président de la Banque africaine de développement, le Dr Donald Kaberuka. L'objectif de ce déplacement officiel est avant tout de montrer que ces trois pays ne doivent pas être ostracisés.