Madagascar: l’alliance politique vole en éclats

A Madagascar, l’alliance politique entre le président Rajaonarimampianina et l’ex-chef de l'Etat Ravalomanana n'est plus d'actualité. C’est la suite logique des derniers événements. Lundi, Marc Ravalomana, qui vivait en exil en Afrique du Sud, est rentré à Madagascar où il a été aussitôt arrêté par les autorités et mis en résidence surveillée à Diego Suarez dans le nord de l'île. Les députés pro-Ravalomanana ont donc annoncé, ce mardi 14 octobre, qu’ils quittaient la majorité présidentielle et qu’ils basculaient dans l’opposition.Les derniers évènements à Madagascar seront abordés lors de l'émission Décryptage de ce mercredi présentée par Nathalie Amar qui recevra Jean Fremiggaci, historien spécialiste de Madagascar. A retrouver sur RFI à 17h10 TU.

« C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Moi, je considère ça comme un enlèvement. C’est cet enlèvement manu militari qui fait que c’est fini. Ce n’est plus possible de le [Hery Rajaonarimampianina] soutenir », explique Mamy Rajaonson, député de la mouvance Ravalomanana. Plus tôt dans la journée, le fils de Marc Ravalomanana dénonçait aussi le « kidnapping » de son père par les autorités.

L'ancien président est désormais en résidence surveillée dans le nord ud pays. Il se trouve dans l'enceinte de la base aéronavale de Diego Suarez. Une information confirmée par ses proches dans la nuit de mardi à mercredi.

De l’autre côté de l’échiquier politique - du côté des partisans d’Andry Rajoelina - on s’étonne, au contraire, que Ravalomanana n’ait pas été arrêté plus tôt, lundi, dès son arrivée sur le sol malgache. Le député Jean Brunelle Razafitsiandraofa, du groupe Mapar, considère que la présence de Ravalomanana sur le territoire est une menace. « Son intention est de faire un coup d’Etat », dénonce-t-il.

Ainsi, l’arrestation de l’ancien président et sa mise en résidence surveillée viennent donner le coup de grâce à un mariage qui battait de l’aile depuis déjà plusieurs semaines. Il faut dire que depuis le début, cette alliance entre Hery Rajaonarimampianina et Marc Ravalomanana n’était pas évidente. Elle était scellée, au nom de la réconciliation nationale, entre deux camps qui venaient de s’opposer lors du second tour de l’élection présidentielle.

La formation d'un groupe d'opposition

Par ailleurs, la famille politique d’origine de Hery Rajaonarimampianina, c’est celle d’Andry Rajoelina, grand adversaire de Marc Ravalomanana.

Cependant, après les élections, le nouveau président élu et l’ancien président en exil ont pu accorder leurs violons pour former une majorité présidentielle à l’assemblée nationale.

Aujourd’hui, les vingt et un députés élus sous les couleurs de Marc Ravalomanana quittent cette plate-forme et constitueront le groupe d’opposition. Jusqu’à présent, il n’y avait pas d’opposition officielle car tous les groupes politiques se présentaient comme des alliés au régime.

La loi sur le statut de l’opposition prévoit qu’il y ait un chef de l’opposition. Ce rôle sera-t-il attribué à Marc Ravalomanana, s’il est libéré ? « C’est possible », répond le député Mamy Rajaonson.

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