L'intermédiaire utilisé dans le contrat d'équipement de la Défense n'avait aucune raison d'être, si ce n'est de se livrer à des malversations notoires en facturant par exemple 10 000 francs CFA, 15 euros, la chaussette de soldat.
Deuxième enseignement : le FMI comprend que d'autres contrats militaires ont encore été passés. Montant total : 134 milliards de francs CFA, alors que seuls 34 milliards sont prévus dans le budget malien.
Comment de telles sommes ont-elles pu être validées ? Réponse de la ministre malienne de l'Economie, Bouaré Fily Sissoko : « Il y avait la dérogation au niveau de l’article 8 des marchés publics qui parlait, en fait, de secrets défense et de besoins essentiels pour l’Etat. Il y a eu une utilisation extensive de ce concept-là. »
Les coupables seront poursuivis
En conséquence, le FMI tape du poing sur la table : avant même le départ de sa mission d'évaluation, le Conseil des ministres modifie cette fameuse disposition légale qui a permis de telles malversations. Le FMI exige également du gouvernement qu'il annule certains marchés et ne paie pas les montants surfacturés. Christian Josz, le chef de la mission du FMI, détaille : « Tout cet exercice d’annulation de tous les contrats qui n’étaient pas encore lancés, de limiter les contrats existants à ce qui était livré et annuler tout le reste, de revoir à la baisse les prix des contrats qui sont surfacturés, ça a permis de ramener ce montant de 134 milliards à 57 milliards ».
Restent 23 milliards, plus sept autres correspondant à des investissements d'infrastructures non prévus. Une nouvelle modification de la loi de finances devra donc annuler certaines dépenses pour intégrer cette somme au budget. La ministre de l'Economie assure que les coupables seront poursuivis, dans le futur. Et la mission du FMI quitte le Mali, satisfaite, envisageant de reprendre ses versements d'ici la fin de l'année.