Nouvelle preuve qu'en Libye les autorités politiques n'ont plus aucune prise sur la situation : jeudi dernier, le Premier ministre de transition Abdallah al-Theni a présenté sa démission devant le Parlement de Tobrouk. Un Parlement délocalisé, contraint de siéger dans cette ville de l'Est en raison des combats à Tripoli.
Après plus d'un mois d'affrontements en plein cœur de la capitale, les milices de la ville de Zenten, qui contrôlaient l'aéroport depuis la chute de Kadhafi en 2011, en ont été chassées par les milices rivales de la ville de Misrata. Ces derniers sont passés maîtres de Tripoli. Ils sont qualifiés d’islamistes parce qu'ils sont proches de la branche libyenne des Frères musulmans. Ils ont d'ailleurs poussé le Parlement sortant, dominé par les islamistes politiques, à nommer son propre gouvernement. La Libye se retrouve donc avec deux Parlements rivaux.
Pour autant, ces islamistes ont un agenda très différent de celui des jihadistes de Benghazi. Par communiqué interposé, islamistes et jihadistes ont d'ailleurs chacun pris leurs distances même s'ils ont un ennemi commun : le général Khalifa Haftar, qui poursuit sans succès son offensive depuis la mi-mai contre les jihadistes de Benghazi, soutenus par les brigades de Zenten, qui, elles, combattent les islamistes à Tripoli.
A noter, enfin, que le conflit se régionalise : depuis quelques jours, Washington accuse les Emirat arabes unis et l'Egypte d'avoir mené des raids aériens à Tripoli contre les islamistes.