Ce lundi 1er septembre au matin, le ministre de la Fonction publique Motloheloa Phooko a déclaré être le Premier ministre en exercice ; en l'absence du Premier ministre et du vice-Premier ministre, tous deux à Pretoria, en Afrique du Sud, où ont lieu des discussions pour tenter de mettre fin à la crise.
Depuis dimanche s’y tient en effet une réunion des membres de la SADC, la Communauté de développement d'Afrique australe – organisation régionale qui regroupe les pays de l’Afrique australe.
Rivaux
Le Premier ministre du Lesotho Tom Thabane, qui a fui son pays, participe à cette réunion qui a commencé dimanche soir et s’est poursuivie tard dans la nuit. Son vice-Premier ministre Mothetjoa Metsing y serait également présent.
Les deux hommes sont rivaux ; ils appartiennent à des partis politiques différents, mais travaillent ensemble au sein d’une coalition. C’est cette rivalité qui serait à l’origine de la crise : en dépit de l’existence, depuis deux ans, d’un gouvernement de coalition, le parti du vice-Premier Ministre et ses alliés accusent le Premier ministre de prendre des décisions seul.
Médiation sud-africaine
En juin dernier, le Premier ministre a suspendu le Parlement, qui s’apprêtait à lancer une motion de censure à son encontre. Depuis, les relations entre les deux camps sont tendues. Vendredi 29 août, le Premier ministre a démis de ses fonctions le chef de l’armée, qui soutient son rival, le vice-Premier ministre. C’est ce dernier rebondissement qui semble avoir provoqué la crise – d’où l’importance d’asseoir les deux hommes à la même table pour trouver une solution.
L’Afrique du Sud s’est imposée comme médiateur : d’abord, car elle détient la présidence de la commission de défense et sécurité de la SADC, ensuite parce que Pretoria a tout intérêt à maintenir la stabilité du Lesotho, qui est une enclave dans le territoire sud-africain.
Armée contre police
Pour l’heure, la situation à Maseru est tendue mais calme. Après un week-end d’incertitude, les commerces ont rouvert ce matin. L’armée ne parle pas de coup d’Etat : le haut commandement militaire assure n’avoir aucune intention de prendre le pouvoir. Il affirme plutôt avoir voulu désarmer la police qui, selon lui, s’apprêtait à livrer des armes à des partis politiques pour une manifestation prévue ce lundi. Dans cette rivalité entre le Premier ministre et le vice-Premier ministre, la police et l’armée soutiennent chacune un camp opposé.
Certains analystes de l’Institut des études de sécurité de Pretoria ne parlent pas non plus de coup, mais d’une démonstration de force de la part de l’armée.