D'abord, il y a ce communiqué, rare, puisque signé par six partis d'opposition qui n'ont pas l'habitude de réagir ensemble : Le PDP, le PS Imberakuri, l'une des branches des FDU dont les présidents sont ou ont été emprisonnés au Rwanda, le RNC dont l'un des fondateurs a été assassiné en Afrique du Sud récemment, le PDR et le parti Amahoro People's Congress. Ces six partis s'étonnent de déclarations qui « laissent à penser, expliquent-ils, que les réfugiés restent en exil de leur plein gré ».
Et de rappeler à Martin Kobler que les réfugiés rwandais au Congo sont également des « rescapés » de massacres en 1996 et 1997, massacres documentés par le rapport Mapping de l'ONU. Ils font également la liste des rapports et communiqués des Nations unies, des Etats-unis et d'organisations de défense des droits de l'homme qui ont épinglé le Rwanda ces six derniers mois. « Les services de monsieur Kobler ont sûrement eu accès à tous ces rapports », ironisent ces partis qui appellent le responsable onusien à arrêter « la politique de l'autruche » et à promouvoir un dialogue inter-rwandais plutôt que des opérations militaires.
« Préoccupations communes »
Pour les FDU présents à l'intérieur du pays, « les conditions ne sont pas réunies » pour permettre le retour des réfugiés. « L'espace politique est fermé et les droits de l'homme ne sont pas respectés au Rwanda », explique ainsi leur représentant Boniface Twagirimana. Le Parti vert démocratique se prononce lui en faveur du retour des FDLR, mais, précise son président Frank Habineza depuis Kigali, « nous partageons des préoccupations communes en termes de respect des droits de l'homme et d'une plus large ouverture de l'espace politique. »
Quant à Faustin Twagiramungu, il ne cache pas sa colère. « Les réfugiés rwandais ne rentreront pas inconditionnellement pour faire plaisir à messieurs Kagame et Kobler », a déclaré l'ancien Premier ministre rwandais. Autre réaction, celle du général Habyarimana du CDR : pour ce dernier, les Nations unies devraient avant tout « encourager le gouvernement rwandais à respecter l'Etat de droit avant de s'adresser aux réfugiés. »
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