La Cour a balayé l’ensemble des arguments présentés par les avocats de la défense. Les conseils de Karim Wade estimaient d'abord que la loi de 1981, instaurant la Cour de répression de l’enrichissement illicite, avait été abrogée, et que cette Cour était donc obsolète, tombée en désuétude. Mais pour la Cour au contraire, « cette loi n’a jamais été abrogée, ni tacitement, ni expressément ».
La Cour a ensuite rejeté l’ensemble des jurisprudences citées par les avocats de la défense. Ces derniers avaient notamment évoqué le cas d'Idrissa Seck, qui avait fait l’objet d’un long procès devant la Haute Cour de justice, au vu de son statut d'ancien Premier ministre. Pour la Cour de repression de l’enrichissement illicite, cet exemple n’est pas valable : « Idrissa Seck n’avait pas été inculpé pour un délit d’enrichissement illicite », et cette affaire ne peut donc par être prise comme une référence dans le cas de Karim Wade.
Enfin, la Cour rappelle qu’au moment de son inculpation, Karim Wade n’était plus ministre depuis plus d’un an. Ses avocats ne peuvent donc pas faire valoir un quelconque privilège de juridiction.
Gagner du temps
Malgré ce revers, les avocats de la défense ont ensuite demandé à la Cour un « sursis à statuer ». En clair, ils demandent à la Cour de suspendre le procès, le temps que les sept recours qu’ils ont déposés auprès de la Cour suprême, soient totalement vidés. « Si les sept recours sont validés, explique l’un d’eux, la machine judiciaire s’arrête ». Faux, rétorque le ministère public et la partie civile, qui voit à travers cet argument « une manière de retarder le procès pour gagner du temps ».
Au même moment, l’ex-bras droit de Karim Wade, Abdoulaye Baldé s’est rendu au siège de la Crei. Le maire de Ziguinchor, dont le patrimoine présumé illicite se monte à 7 millions d’euros, n’a pas été inculpé. Mais selon lui, le procureur spécial a transmis son dossier à la commission d’instruction, qui l’a convoqué la semaine prochaine pour se justifier de nouveau.