Djibril Kone est l'un des vieux du quartier. Il y a un mois, des « microbes » ont voulu barrer une route transformée en déviation juste à côté de sa maison pour racketter les usagers. Quand Djibril a voulu les en empêcher, ils sont venus dans sa concession pour le menacer. Djibril est scandalisé : « Je me suis dit qu’ils sont des fainéants ! En Côte d’Ivoire, il y a de petits travaux à faire. Tu peux aller pousser des brouettes, tu vas gagner ton quotidien... Mais s’ils ne veulent pas, qu’ils prennent les couteaux, s’arrêtent pour essayer de barrer la route aux gens, ce n’est pas normal. Parmi tous ceux-là, dans chaque véhicule qui passe, il y a leurs parents dedans. Alors ce problème-là, vraiment ça me choque », s’insurge Djibril.
Complicité de la population
Les « microbes » se sont inspirés du nom des gangs d'enfants des favelas dans le film brésilien La Cité de Dieu. En Côte d'Ivoire, ils ont entre 10 et 20 ans, un âge censé leur assurer la clémence de la justice. Aruna Konate, président d'une association de jeunes évoque aussi l'existence de « protecteurs » au sein des syndicats et des forces armées, mais pas seulement : « Il y a une complicité de la population qui est victime et qui est en même temps complice de ces « microbes »-là, parce que cette même population leur passe des commandes de téléphone portable. C’est dommage », constate Aruna.
Pus de 100 jeunes ont été arrêtés ces derniers mois par la police, pas assez aux yeux des habitants qui se sont organisés en groupes d'auto-défense : plusieurs « microbes » ont perdu la vie lors de ces interventions souvent musclées.