Depuis l'arrestation, en février, d'un voisin du défunt soupçonné d'avoir aidé à son assassinat et l'identification de trois autres suspects, Mbarka, la veuve de Mohamed Brahmi, attend toujours des réponses. « Ils ont identifié des pions, mais qui est derrière eux ?», s'interroge-t-elle.
La veuve Brahmi pointe du doigt Ennahda. Le parti islamiste majoritaire à l'Assemblée dirigeait le gouvernement au moment de l'assassinat de son mari et de celui d'un autre opposant, Chokri Belaïd, six mois plus tôt. « Ennahda a laissé faire, le trafic, la circulation des armes, tout, accuse-t-elle. C'est eux qui ont rendu possible le terrorisme chez nous.»
«Dès le début, c'était fichu »
Jeudi soir, des Tunisiens ont rendu hommage aux opposants assassinés ainsi qu'aux forces de l'ordre victimes du terrorisme, dont quinze militaire tués il y a dix jours à l'ouest du pays. Depuis janvier, le gouvernement de technocrates de Mehdi Jomaa se félicite du démantèlement de cellules terroristes, et plus récemment de la fermeture de mosquées et de médias appelant au jihad. Dans la foule, Radia n'était pas convaincue. « On s'attend à être attaqué à n'importe quel moment, dit-elle. Je n'ai pas confiance en ce gouvernement. Il a changé tous les ministres, sauf celui de l'Intérieur. Donc, dès le début, c'était fichu.»
Face aux appels à plus de fermeté, un nouveau projet de loi antiterroriste est en discussion à l'Assemblée. Plusieurs organisations mettent en garde contre ses termes trop flous et les risques d'atteintes aux droits de l'homme.