« On est sous mandat de dépôt pour diffamation, par voie de presse et on plaide non coupable », explique Jean-Luc Rahaga, le directeur de publication de Madagascar Matin à la sortie du bureau des substituts du procureur. Il n’en dira pas plus puisqu’avec son collègue rédacteur en chef du quotidien, ils sont immédiatement emmenés en détention provisoire.
Pour Lalatiana Rakotondrafy, secrétaire générale du syndicat des journalistes, cette mise sous mandat de dépôt est excessive : « Cela n'est absolument pas justifié, c'est une mesure pour mettre en garde les autres journalistes parce que ces derniers temps, il y a eu beaucoup de menaces directes ou indirectes de la part des dirigeants. En fait, c'est un message pour dire aux autres de se calmer. »
Discussions autour de la dépénalisation des délits de la presse
Lalatiana Rakotondrazafy ne veut pas rentrer dans le fond de l'affaire, mais la journaliste s'interroge sur la détention de ses deux confrères qui intervient alors que s’ouvrent des discussions autour d'un nouveau code de la communication sous l'égide des Nations unies : « Il ne faut pas oublier que le concept de base de ce projet de code de la communication, c'est la dépénalisation des délits de la presse. Et au moment où on en parle, on met des journalistes en prison. C'est très inquiétant. »
Le ministre d'Etat Rivo Rakotovao était injoignable pour commenter ces informations. Le ministre de la Communication a déclaré « ne pas être au courant » de l’affaire.