Juste avant son assassinat, Salwa Bugaighis avait posté une photo d'elle sur sa page Facebook. Elégante, coiffée de son habituel carré, vêtue d'une longue robe noire, l'avocate féministe entendait donner l'exemple en glissant son bulletin dans l'urne pour les deuxièmes législatives de l'après-révolution. Une révolution à laquelle la militante des droits de l'homme avait activement participé.
Salwa Bugaighis avait été l'une des toutes premières voix dissidentes en février 2011 à Benghazi dès le début de l'insurrection contre le colonel Kadhafi. Sous Kadhafi, elle défendait déjà les opposants au régime emprisonnés. Après la chute du régime, Salwa Bugaighis était devenue l'une des figures du CNT, le Conseil national de transition.
Son mari porté disparu
Mercredi, après avoir voté, cette figure de la révolution a été tuée à son domicile d'une balle dans la tête et de plusieurs coups de couteau par des hommes cagoulés en treillis militaire. Depuis, son mari est porté disparu. Cet assassinat ciblé et symbolique n'a pas été revendiqué, mais tous les regards se tournent vers les jihadistes opposés par nature à tout processus démocratique et aux figures libérales et pro-occidentales de la révolution.
Depuis près d'un an en Cyrénaïque, les assassinats ciblés de cadres sécuritaires, de juges, d'humanitaires, d'Occidentaux ou de figures de la société civile, sont réguliers. C'est d'ailleurs officiellement pour cette raison que les forces de l'ex-général Haftar ont lancé, depuis la mi-mai, une offensive pour déloger les brigades jihadistes d'Ansar al-Charia et leurs alliés de l'Est libyen. Une offensive sans succès pour le moment.