Une centaine de femmes sont rassemblées devant le Parlement, sous les élégants palmiers de l'avenue Mohammed V, la principale artère de Rabat. Leur mot d'ordre : la colère. Une colère dirigée contre le Premier ministre Abdelilah Benkirane, comme l'explique Fouzia Assouli, de la coordination pour l'application de l'article 19 de la Constitution : « Stop ! », crie-t-elle.
« Le chef du gouvernement, au lieu de prendre des mesures pour rendre effective l'égalité à l'accès au travail, au lieu de féliciter les femmes courageuses qui participent à la croissance, se transforme en prédicateur qui rentre en concurrence avec les mouvements islamistes radicaux, analyse Fouzia Assouli. Oui, nous sommes en colère. On dit : ça suffit ! »
Etaient présentes ce mardi : des femmes de tous les âges, certaines voilées, d'autres non. Mais aussi des hommes. Les participants arboraient parfois une casserole à la main pour se moquer de ceux qu'ils qualifient de « rétrogrades ». Nejia Malek est l'une de ces militantes poussées dans la rue par les propos du chef du gouvernement.
« Pendant six ans, confie-t-elle, je n'ai participé à aucune manifestation, c'est la première fois que je viens. » Et de justifier sa présence par les propos du Premier ministre : « Je crois que c'est une grande maladresse, vu que la femme marocaine a une histoire, qu'elle a toujours été là ; pendant la guerre, pendant la colonisation... C'est impossible que ce discours passe sans problème. »
Malgré son interdiction par la préfecture, le rassemblement s'est dispersé dans le calme en fin d'après-midi.