Il y a un quart de siècle, les Burundais étaient pauvres, mais ils produisaient à suffisance le haricot, appelé « la viande du pauvre », en raison de son coût et des protéines qu’il contient : haricots-patates douces, haricots-colocases, cette légumineuse, véritable plat national au Burundi, se retrouvait à tous les repas.
Un symbole burundais dont Theofiel Boert, ministre conseiller à l’ambassade de Belgique à Bujumbura, a rappelé l’importance au cours de ces Etats généraux : « En 1995, on mangeait 65 kilos de haricots secs par personne par an. Les Burundi étaient les premiers consommateurs de haricots secs dans le monde entier, les Rwandais étaient un peu en dessous, avec 55 kilos. Maintenant on est à un peu plus de 20 kilos par an, c’est un tiers de ce que l’on consommait il y a 25 ans ».
S’adapter pour ne pas mourir de faim
Les choses ont effectivement totalement changé aujourd’hui. La population, à plus de 90% agricole, a été multipliée par deux, les propriétés familiales ont été drastiquement rétrécies, les sols ne sont plus fertiles et il y a eu la guerre civile. Et selon un expert reconnu du haricot, la population burundaise a dû tout simplement s’adapter pour ne pas mourir de faim.
« Les gens se découragent et se disent que sur le même petit terrain, ils peuvent cultiver du manioc qui produit beaucoup plus et comble la faim. Le ventre est rempli, mais ils mangent des glucides et plus assez de protéines », explique l’expert. Conséquence de cette alimentation déséquilibrée, au moins un Burundais sur deux est en situation de malnutrition chronique. C’est l’un des taux les plus élevés au monde.