Le Nigeria condamné pour avoir expulsé des habitants de bidonvilles

La Cour de justice de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) a condamné le Nigeria dans une affaire inédite: pour expulsion violente par l'armée d'habitants de bidonvilles. Au moins une personne avait été tuée, et douze autres avaient été blessées. L'affaire remonte à 2009 et le drame s'était produit dans la région de Port Harcourt, dans l'Etat de Rivers au sud du Pays. Le Nigeria a été condamné à payer une amende de 50.000 euros de dédommagements.

La Cour de justice de la Cédéao a estimé que l'armée nigériane n'avait « aucune justification » pour ouvrir le feu sur les habitants de Bunda Ama, un quartier de la ville de Port-Harcourt dans l'extrême sud du Nigeria. L'usage de la force par l'armée a été jugé excessif.

L'affaire remonte à cinq ans, et après avoir porté plainte devant le gouvernement fédéral de l'Etat de Rivers, les habitants ont enfin obtenu gain de cause. Ces familles avaient été expulsées violemment par l'armée nigériane de leur bidonville de front de mer, le 12 octobre 2009. Celle-ci avait ouvert le feu sur les habitants alors qu'ils manifestaient pacifiquement. Au moins une personne est décédée, douze autres ont été blessées. Un bilan qui reste incertain car l'armée refuse toute enquête et nie même les faits.

La Cour de la Cédéao a estimé que le gouvernement du Nigeria avait failli à son devoir de protéger et de respecter les droits de gens pacifiques.

Satisfaction d’Amnesty

Cette décision a été rapidement saluée par Amnesty International. Le directeur de l'ONG pour l'Afrique, Netsanet Belay, cette décision est « remarquable ». Il a souligné le courage des habitants. Selon lui, leur combat « envoie un message clair aux gouvernements leur disant qu'ils ne peuvent violer impunément les droits des plus faibles ».

Les quarante habitations de ce quartier du front de mer à Port-Harcourt vivaient dans de véritables taudis, qui logent plus de 200 000 habitants. Des dizaines de milliers de personnes en auraient été expulsées par la force ces dernières années. Et plus de deux millions de personnes ont été touchées par ce problème au Nigeria depuis l'année 2000, selon Amnesty International.

Partager :