Avec notre correspondante à Dakar, Carine Frenk
Du « mur de la honte », il ne reste plus que quelques gravats sur le sol. Le mur d’enceinte de l’ambassade de la Turquie qui devait être construite sur la corniche ouest de Dakar a été démoli il y a quinze jours sur décision du président Macky Sall, suite à la mobilisation du collectif « Non au mur », qui s’était monté contre le projet. Un autre site sera attribué à la Turquie pour son ambassade.
Assis sur les bancs, à quelques dizaines de mètres, les étudiants de l’université Cheikh Anta Diop qui se trouve juste en face, sont sans doute les plus contents. Ils s’assoient là, devant l’océan, pour réviser leurs cours. A l’instar d’Ibrahima, qui vient sur la corniche pour « prendre de l’air ». Dans les chambres pour étudiants, certaines, prévues pour trois, accueillent dix personnes, rapporte-t-il. « C’est tellement agréable. Dans les chambres, il fait tellement chaud. Et puis, il y a des gens qui viennent, qui cherchent des gens, ça perturbe. Là [sur la corniche], il n’y a personne. Tu éteins ton téléphone, tu te concentre sur les études. »
Le collectif veut continuer de mobiliser
Ouseynou, en cinquième année de géographie, aime lui aussi s’installer face à l’océan. « Le mur de la Turquie, c’était juste un symbole », insiste-t-il. « Normalement, ils n’ont pas le droit de construire sur la corniche. C’est un domaine public, qu’ils ne respectent pas du tout. » Jeudi dernier, après ce que certains considèrent à Dakar comme une « victoire de la mobilisation citoyenne », le collectif a déposé au ministère de l’Environnement un mémorandum sur la sauvegarde du littoral. « Au-delà de ce mur se cachent d’autres murs, plus nombreux, plus épais et plus hauts », souligne Cheikh Fall, membre du collectif « Non au mur ». « Nous allons soumettre au chef de l’Etat un nouveau projet de loi pour mettre définitivement fin au bradage du littoral. »