Ce sont des civils qui s’occupent des tâches macabres dans les villages du nord-est du Nigeria. Ils préfèrent taire leurs noms pour des raisons de sécurité. Ce membre d'un comité d'autodéfense, par exemple, revient du lieu de la tuerie qui a fait 45 morts dans le village de Barderi, dans la périphérie de Maiduguri, jeudi soir. Le village est vide, tous les habitants ont fui. Il s'y est rendu pour acheminer des cadavres de victimes de Barderi à Maiduguri.
« Les soldats ne peuvent pas aller là-bas, ils nous ont dit qu'ils n'avaient pas reçu l'ordre de s'y rendre, donc nous nous chargeons de tout », explique le jeune homme qui, à l'aide de son téléphone portable, a pris des photos de tous les cadavres, sur une demande de l'armée. « Toutes les victimes ont été tuées d'une balle dans la tête, toutes, je n'ai pas vu de balle sur leurs membres », affirme t-il.
Les villageois sont tombés dans un piège tendu par des hommes qui se sont fait passer pour des prédicateurs. Ils les ont réunis pour un prêche quand un groupe d'hommes en armes, soupçonnés d'appartenir à Boko Haram, a surgi pour faire feu. Les comités d'auto-défense réclament au gouvernement des armes.
« Nous n'avons que des bâtons, des couteaux et des flèches, et nous ne faisons pas le poids face aux soldats de Boko Haram qui ont des fusils d'assaut et même des blindés », déplore le jeune homme. Il rappelle que ce sont les comités d'auto-défense civils qui ont chassé Boko Haram des grandes villes du nord-est et dit ne plus rien attendre des forces de sécurité du pays.